L'actualité est cruelle. Tremblement de terre à Haïti, inondations à Madère, et hier alerte au tsunami pour
les iles et côtes chiliennes.
Face au défi des catastrophes naturelles et technologiques présentes et à venir, liées entre autre au réchauffement climatique, les instances internationales se doivent d’apporter des solutions
adaptées d’interventions à la fois rapide et durable. Nous sommes convaincus que les aides d’urgence doivent être la première action d’un programme post-catastrophe et que son
élaboration doit prendre en compte la gestion de la catastrophe dans sa totalité afin que les choix ne se limitent pas à la précipitation ou à l’étalement de l’aide sur plusieurs années, et ce,
faute d’anticipation dans l’élaboration des moyens à mettre en œuvre. Pour expliquer et étayer
cette approche, il suffit de rappeler que deux ans après le tsunami en Asie, certaines organisations ayant collecté des fonds n’en ont engagé qu’à hauteur de 40%.
Les catastrophes entraînent ont souvent des conséquences dramatiques - déplacement de population, famine, épidémies, raréfaction de l’eau potable – qu’il nous importe d’appréhender pragmatiquement en proposant des solutions faciles à mettre en œuvre sous n’importe quelle condition et respectueuse des personnes amenées à en bénéficier. De plus, très souvent les structures provisoires tendent à perdurer et nous pensons qu’il faut introduire dans la réflexion plusieurs temporalités : il y a d’une part la rapidité de la réaction et d’autre part la durablilité de la reconstruction. La question que nous préférons posée ici serait paradoxalement celle-ci : quel type d’intervention d’urgence pour une ville durable ? Nous entendons par là que nous espérons apporter des solutions constructives mais aussi une sorte de grammaire urbaine qui permettrait de mettre tout de suite en place l’embryon des services urbains de production et de desserte (production d’eau potable, dispensaire, lieux de rassemblement…)
D’où PARLONS-NOUS ?
Voici plus d’un demi siècle, la France s’est reconstruite après les bombardements qui l’on durement frappé à
la fin de la seconde guerre mondiale. Les villes portuaires du Havre, de Saint-Nazaire ou de Royan en témoignent parmi d’autres. Nous sommes les petits enfants des urbanistes, des architectes et
des entrepreneurs qui ont reconstruits ces villes. Nous pouvons témoigner qu’une force inouïe suit un désastre et que ces efforts ont été portés par un espoir de progrès : permettre
l’avènement d’un urbanisme moderne où les conditions de vie des habitants seraient meilleures qu’avant. La reconstruction a été l’occasion de reprendre les réseaux urbains, d’ouvrir des avenues
et de donner de la lumière et le confort moderne à tous les logements. Presque soixante ans plus tard, ces formes urbaines démontrent leur qualité et le centre ville du Havre vient d’être classé
au patrimoine mondial de l’UNESCO.
De ce retour sur notre propre histoire, nous tirons quatre enseignements majeurs. Le premier est un rappel : au-delà de l’abomination du désastre, la reconstruction peut être une chance pour
améliorer les conditions de vie des gens. Le second tient dans la durée que cela implique. L’appel de l’hiver 1954 nous rappelle qu’on ne reconstruit pas rapidement et que la transition entre les
baraquements d’urgence et une forme durable d’habitation peut être critique. Le troisième est d’ordre social. La reconstruction fut un élan moderniste incontestable vers l’habitat collectif et
des formes épurées. Mais les trente glorieuses qui suivirent ont vu se développer une marée pavillonnaire se rapprochant d’un modèle social antérieur : au dogme moderne du toit terrasse, les
gens ont préféré le toit à deux pentes par exemple. Les aspirations individuelles rattrapent toujours la société. Le quatrième enseignement est certainement le plus riche : la reconstruction
fut la conjonction d’un travail d’urbanisme et de l’utilisation d’un matériau nouveau qu’était le béton armé.
Que veut dire pour nous l’intervention d’urgence ?
Il s’agit de répondre efficacement à une situation de grande précarité en permettant l’accès aux services de base :
u Se protéger des intempéries – abriter les personnes et éventuellement leur biens.
v Se nourrir – garantir l’accès à l’eau potable et à l’alimentation.
w Se regrouper – reconstituer les noyaux familiaux et les communautés.
x Se soigner – garantir l’hygiène minimum, endiguer les épidémies et donner l’accès aux soins médicaux.
y Vivre en société – permettre l’accès aux services administratifs de base et l’exercice éventuel d’un culte religieux.
Pour nous dont le métier est l’aménagement physique de l’espace, cela ce traduit en actions concrètes :
u Se protéger des intempéries – proposer des constructions rapides à mettre en œuvre et durables car les solutions de transition sont amenées à durer.
v Se nourrir – proposer une source d’eau potable (apport, forage, adduction, traitement) et en fonction des situations aménager les voies de communications nécessaires à l’acheminement d’une aide extérieure.
w Se regrouper – proposer des espaces de vie dimensionnés pour le regroupement des personnes.
x Se soigner – proposer des lieux de vie sains, garantir un assainissement provisoire (individuel ou collectif) et proposer des espaces spécifiques de soins.
y Vivre en société – proposer des espaces de vie spécifiques au rassemblement et à l’organisation de la société.
Fidèles aux enseignements de la reconstruction en France, nous ajoutons à cela deux autres propositions :
z Prévoir l’avenir – jeter les bases d’une meilleure qualité de vie en prévoyant l’évolution des villes qui renaitront à partir de l’intervention d’urgence en gardant à l’esprit que les installations provisoires peuvent longtemps.
{ Respecter les cultures – ne pas imposer de formes sociales, architecturales ou urbaines à des cultures qui possèdent leur propres références et qui ont besoin de se reconstruire après la catastrophe.
Que pouvons-nous concrètement
apporter ?
L’action humanitaire n’est pas notre domaine d’intervention et nous respectons la grande expérience des associations internationales et des armées européennes dans ce domaine. Nous avons en
revanche une posture claire d’aménageur de l’espace et d’entrepreneur. Nous pensons que beaucoup de situations sociales, même en cas de crise majeures, ont des implications spatiales que nous
pouvons assister. Notre expérience professionnelle va de l’aménagement de l’espace urbain à des constructions éphémères. Nous désirons nous appuyer sur les connaissances françaises en matière
d’intervention d’urgence et sur les savoirs faires locaux. Nous proposons de fournir les services suivants :
| Proposer un type de construction d’urgence – approvisionnement et mode constructif
} S’adapter aux spécificités locales – modulations de l’espace et éventuellement matériaux locaux
~ Proposer une réflexion sur l’implantation sur place de ces constructions d’urgence – peut-on jeter ainsi les bases durables des villes et villages à reconstruire ?