J’en peux plus. Je croyais pouvoir m’en priver longtemps, voire m’en passer toujours, et voilà que ça me lancine, que ça me tenaille ; je me ronge les ongles, je me mettrais bien à picoler : bref je suis en manque. -De la Gitane ? De la Marijane ? -Non, de la Royal !
Vrai, on se moisit sans Ségolène. Côté dames, dites-moi ce qu’on nous offre en cet hiver interminable : une Aubry qui sonnaille comme aux alpages avant la traite ; une Pécresse qui aurait à dire, mais qui dit mal ; une Yade qui dit bien, mais qui n’a rien à dire ; une Marie-George qui ronronne, une Nathalie qui biberonne ; une Dati qui prend date, une Sarnez qui prend l’eau. Où sont les femmes ?
Notez que chez les hommes, ça ne vaut pas mieux. A part un Villepin s’entraînant pour la Ferme Célébrités, avec charlotte et porcelet ; un Sarkozy saigné à blanc qui persiste à s’ouvrir à gauche, ou un Frêche en tournée parisienne avec ses yeux revolver et son jaspin qui tue, pour le reste : de la gelée de coing sans cannelle. Chacun son coin-coin dans son coin. Tous pelés moulinés dans nos provinces, confits de dévotion chez les vraies gens, profil bas dans la France d’en haut, verbe haut dans la France d’en bas. Oh ! le beau miracle des élections régionales !
Moi, les Régions, ça me gonfle : ça pompe le fric et ça tue la chronique. Comment intéresser le Français de partout avec le problème du transit limougeot sur la N520 ? Je ne vous dis pas l’abstention ! De toute façon, fallait pas décentraliser. Belle idée de gauche. Morcelons l’Etat, qu’il s’était dit, le finaud Gaston : à défaut du gros gâteau, on aura les petits fromages… En train de réforme des collectivités, je suggère, moi, la fusion des régions en une seule : l’Ile-de-France, jusqu’aux Cévennes et le reste pour les vacances ; les communes pour les clochers (vu le réveil des religions) ; et les départements, préfectures, sous-préfectures, chefs-lieux de cantons pour les oraux de rattrapage des bacs pro.
Bref Ségolène me manque. Je maintiens qu’elle mérite mieux que Poitou-Charentes. Cette femme a quelque chose, un goût de revenez-y. Et bien sûr qu’elle y reviendra, puisqu’elle en veut. Elle en veut surtout au cercle de famille. Du père au mari, du Peillon à l’Aubry, va falloir que ça saigne, sans effusion mais sans prescription, en douceur et profondeur. Elle va revenir au besoin comme Edmond Dantès : dans un cercueil (puisqu’on la dit morte), en comtesse de Monte-Zivoire pour leur mettre le nez dans le caca de leur cancan, dans le pipi de leurs piperies ; l’épée dans les reins de leur sale Reims, le coup de pied dans le château de cartes de leur union, le coup de boule dans l’oignon mou de leur programme introuvable ; coup de canne dans le Strauss, coup de couteau dans l’Hollande, coup de grisou dans le Bayrou, coup de râteau dans le Sarko et coup du lapin dans le Villepin.
Tiens, je la vois déjà, bel engoulevent retour d’Angoulême, lissant ses plumes pour un second « A nous deux Paris ! » Regardez-la venir, sur ses longues jambes à jupes (elle au moins), cou de cigogne, rire de tourterelle qui se rengorge, oeil et bec acérés de milan qui chasse, chant vif au-dessus des chapelles, vol libre au-dessus des cuisines. A moins qu’une fois encore ils ne la canardent…
Sans remonter jusqu’à Clovis, les Français ont tout essayé : le Quichotte fabuleux (1958-1969), le Pansa laborieux (1969-1974), le dîneur merveilleux (1974-1981), le Madré magnifique (1981-1995), le Grand Surineur flou (1995-2007) et le Petit dur à breloques : tout sauf une femme depuis Catherine de Médicis. S’ils voulaient en tâter, si ce pays latin pouvait une fois au moins s’anglosaxonner, citez m’en une autre digne du podium. Royal retour ? Sautons vite ces ineptes Régionales et retenons déjà nos places pour la campagne Elysée-2012 : quelque chose me dit que ça va cogner.
Arion