Mercredi 14 Novembre 2007. Titre du programme de début de soirée : “anti kilos et malbouffe”. Suivi d’une émission intitulée “Les tabous du plaisir féminin”.
De la bouffe et du cul le même soir, je me dis : “ils sont de nouveau en grande forme chez TF1 !”
Sauf que ma télé n’est pas réglée sur cette chaîne : ces histoires racoleuses me sont servies par le service dit “public” - France 2 en l’occurrence - qui, sans doute pour me remercier du paiement de ma redevance audiovisuelle, a décidé de me gâter !
Sachant qu’il me faudrait un minimum d’inspiration pour la rédaction de ce post, je décide tout de même de regarder Béatrice Schönberg me parler gastronomie.
Faut dire qu’avec un compagnon comme Jean-Louis Borloo, la pauvre Béa doit en connaître un rayon niveau malbouffe ! J’ai hâte de voir le prochain épisode sur les dégâts de l’alcoolisme dans le monde politique.
Un rapide coup d’oeil sur les invités : l’incontournable Jean-Pierre Coffe, la truculente Mathilde Seigner, que l’on suit au supermarché, accompagnée d’un nutritionniste... Et là je me dis : si Gainsbourg était encore en vie, France 2 serait capable de nous le filmer en consultation chez son cancérologue ! Le monde vu par le petit bout de la lorgnette médiatique paraît désormais tellement médiocre.
Et ces artistes, à quoi pensent-ils, au moment de galvauder leur image au travers de ces reportages, si banals qu’ils en deviennent vulgaires ?
Arrivé à cette étape bien avancée de désespoir ontologique, mon oeil se rallume. On vient de parler de Marx ! Enfin un peu de philosophie... Sauf qu’à la place du barbu et chevelu auteur du Capital (non : pas l’émission de M6 !) apparaît une sorte de mercenaire dépourvu de toute forme de pilosité faciale. Par la magie de la télé, Karl est devenu Thierry ! Ce dernier, un homme fort sympathique au demeurant, nous explique comment il est devenu l’apôtre de la “cuisine moléculaire”. Kezako, me direz-vous ? Pour résumer, disons que la cuisine moléculaire est à la cuisine ce que la pensée de Brice Hortefeux est à l’humanisme des lumières : on ne garde que l’ADN !
Dans son restaurant, Thierry Marx sert des mets qui pourraient difficilement boucher la dent creuse d’un rugbyman du XV de France en période de diète. Mais si vous avez envie de déguster au prix fort une mousse aromatisée à la côte de boeuf (sans viande, bien entendu), n’hésitez pas à vous rendre chez ce petit chimiste reconverti en cuisinier.
Toutefois, ma légendaire honnêteté intellectuelle me force à vous avouer le plaisir immense que j’ai ressenti en entendant louer dans cette émission les bienfaits de la nourriture “bio”.
Imaginez un monde dans lequel nous trouverions de nouveau normal de fabriquer des yaourts à base de lait et de fruits, où les arômes artificiels et les colorants seraient bannis et remplacés par des savoir faire artisanaux et ancestraux, où les légumes pousseraient dans le sol, où les fruits proviendraient de vergers préservés, sans subir des dizaines de traitements par pesticides...
Un monde dans lequel des femmes se donneraient du plaisir en cachant des sex toys dans leur sac à main, offrant leurs charmes à des inconnus juste pour vivre des moments d’exaltation... Tiens, ils ont remplacé Béatrice Schönberg par Karine Le Marchand ?
Je m’étais pourtant promis de ne pas m’endormir avant la fin des molécules !