Emouvante cérémonie en mémoire de huit membres d’une famille cruellement touchée
Quatre anciens ministres de la justice et d’autres personnalités ont rendu un ultime hommage à l’ex-commissaire divisionnaire de la PNH, Carlo Lochard, décédé en compagnie de trois de ses enfants et de sa mère ; un frère du disparu, Me Jacques Lochard, critique l’absence du haut commandement de la police à la cérémonie.
En présence de proches et d’amis plongés dans la désolation, une messe a été chantée vendredi à la mémoire de huit membres de la famille Lochard, dont l’ancien directeur départemental de l’ouest de la Police Nationale, Carlo Lochard, tous tués dans le séisme du mois dernier.
Devant la résidence rasée des disparus située à la rue St-Gérard, dans le quartier de Carrefour-Feuilles (banlieue sud-est de Port-au-Prince), où l’émotion était à son comble, s’était réunie une assistance nombreuse dans laquelle on distinguait quatre anciens ministres de la justice, Mes Jean Vandal, Henry Marge Dorléans, Gary Lissade et Jean Joseph Exumé. Etaient également présents, la mairesse de Pétion-Ville, Claire Lydie Parent, l’inspecteur divisionnaire Jean Marc Edvard, représentant du haut commandement de la PNH et l’ex-directeur général de la police sous Aristide, Jean Nesly Lucien. Prenant la parole au nom de la famille, Me Jacques Lochard, avocat du barreau de Port-au-Prince, a rendu un vibrant hommage posthume aux victimes, particulièrement à sa mère Ysméda Lochard et à son frère Carlo. Décrite comme un "modèle de bonté et de piété", la maman a été retrouvée morte sur sa bible et son chapelet. Assise dans un fauteuil à bascule, elle ne pouvait, en raison de son état de santé, se rendre à une réunion de prière lorsque le tremblement de terre l’avait terrassée.
Parlant de Carlo Lochard, son frère a loué sa "générosité vécue souvent jusqu’à l’excès au détriment de la sécurité économique de sa propre famille". Quoique au chômage depuis son renvoi en 2005 de la Police Nationale, il continuait à financer la scolarité de certains élèves et à assurer le loyer d’amis en difficulté, a révélé Me Lochard. Sur un ton amer, il a, par ailleurs, vivement déploré l’absence à la cérémonie du haut commandement de la PNH qui, contrairement aux pratiques instaurées dans les institutions hiérarchisées telles l’armée et la police, n’a pas daigné saluer le départ de l’ancien commissaire divisionnaire et DDO. Me Jacques Lochard en a profité pour souligner la bravoure dont avait fait montre le disparu en affrontant les bandes armées qui avaient fait basculer Port-au-Prince dans l’horreur de la violence criminelle durant la période de "l’Opération Bagdad" (mai 2004-juillet 2005).
Emprisonné avant d’être expulsé de l’institution policière pour sa responsabilité présumée dans une tuerie lors d’une opération anti-gang à Martissant (banlieue sud de la capitale), en août 2005, (à l’issue d’un match de football réalisé sous les auspices de l’Organisation internationale de la Migration (OIM) et financé par l’USAID), Carlo Lochard était candidat à la députation aux élections avortées de ce mois-ci. Il s’était présenté sous la bannière du parti Konbit de la mairesse Claire Lydie Parent et de son frère, l’ancien Sénateur Clark Parent.
Dans la tragédie du 12 janvier, l’ancien haut responsable de la police est décédé en compagnie de trois de ses enfants et de sa mère Ysméda Lochard. Sa belle-sœur et ses deux enfants y ont également péri. La violente secousse sismique de 7 degrés a fait au moins 222.000 morts, 300.000 blessés et 1,2 million de sans-abri, selon des statistiques officielles