La suite du livre en réponse à Patrick Sébastien après une absence dûe à un déménagement trop long à mon goût. Bref, c’est terminé et je n’en suis pas trop mécontent. Déménager, c’est un peu recommencer sa vie. Bon, allez! Zou! C’est reparti pour un nouvel épisode.
Mais au fait…
A cet instant, je me demande si Patrick Sébastien est d’accord avec moi. J’explique si tu as pris en cours. Ce livre, je le fais après avoir lu celui de Patrick. Pour dire simplement que son titre « Putain d’audience » je le prends à ma façon, à ma manière à moi, personnellement tout seul. Lui cette « Putain d’audience » il l’a et depuis toujours. Moi, je la veux depuis des années, depuis que je suis ado. Tiens! Sans l’avoir jamais eue, çà m’a quand même mené au divorce. Il n’y a pas eu que çà, bien évidemment mais cela y a sans doute contribué. Des couples qui divorcent, il y en a et en aura tous les jours. Il y en a des centaines -Tiens! Ton voisin par exemple. Pas encore? Ne t’inquiètes pas, çà va venir. Et si ce n’est pas lui, ce sera celui d’à côté- Je vais revenir sur une anecdote : Fin des années 80.
Un soir où je me trouve à la maison, le téléphone sonne. Un coup de fil d’une boîte de production. Un tournage pour France2. Il s’agit d’expérimenter un tout nouveau concept. Concept un peu particulier, mais je dois l’avouer, je le trouvais plutôt original. Mettre face à face des « pro » et « anti » quelque chose. Le principe est simple. Tu prends un thème et tu débats. Tu ajoutes deux animateurs, qui marchent fort chacun sur une radio périphérique, Sam Z et Difool, une invitée, en l’occurence, pour ce coup là, Agnès Soral et tu lances le tournage en soirée, genre 21 ou 22 heures. Tu fais comme si c’était vrai mais çà ne l’est pas encore. C’est après visionnage de l’enregistrement que çà se jouera. Cà s’appelle le pilote. Un peu comme le numéro zéro en presse. Je me souviens du thème comme si c’était hier: La drogue, le cannbis etc. Bon je reçois le coup de fil, je te mets dans l’ambiance.
Dans le couloir de mon appartement, le téléphone sonne. Ma femme est dans la cuisine et mes enfants regardent la télé. Je suis avec eux. Je demande à ma femme de décrocher et n’obtenant aucune réponse, je me lève et saisis le combiné. Machinalement, j’enclenche le haut-parleur pour pouvoir suivre ce que je regardais à la télé et répondre à mon interlocuteur.
« Bonsoir, Bruno, j’ai besoin de toi. Tu peux être au studio à 21h? On tourne ce soir et il nous faut du monde » me dit-elle.
Elle, parce que la plupart des assistants, en ce cas, sont des assistantes.
-Bien sûr, laisses-moi juste le temps de me changer et j’arrive, je t’embrasse. A tout’- Lui répondis-je.
Et soudain, avant que je raccroche, de la cuisine me parvient une phrase que je n’ai toujours pas oubliée, Plus de 20 ans après:
« Et moi, pauvre pomme, je garde les gosses?! »
J’ai juste oublié que j’avais une femme et deux gosses. Dur. Tu vois, c’est çà la télé pour moi. C’est une autre vie, une maîtresse dont on ne se défait pas. Cà se soigne mais c’est long et difficile.
Alors aujourd’hui le gamin qui veut me faire pleurer en répétant qu’il a çà dans la peau depuis qu’il sait marcher à quattre pattes, je souris. C’est beau la jeunesse.
Animateurs cherchent étoile.
Les animateurs sont également devenus des stars, d’une certaine manière. Jean-Pierre Foucault, je l’aime bien. C’est l’un des rares vrais professionnels d’aujourd’hui. Il n’a pas d’état d’âme et il le dit, l’assume. Je me souviens d’un face à face un peu tendu entre lui et Patrick Sébastien justement. Si ma mémoire ne me trahit pas, ce devait être sur le plateau de Marc-Olivier Fogiel: au sujet des dons faits au cours d’émissions à caractère caritatif. Je ne sais plus lequel a commencé et en fait cela n’a guère d’importance. J’attendais comme des millions de télespectateurs, la fin de la joute verbale. Il n’y eut pas de véritable gagnant.
Oui, Jean-Pierre Foucault, je l’aime bien, même s’il n’aurait jamais dû accepter la « Ferme Célébrités ». mais je l’ai dit, il n’a pas d’état d’âme. Lorsque je regarde mon petit écran -82 centimètres quand même, lorsque je le regarde comme un télespectateur lambda, j’applaudis des deux mains et des deux pieds l’initiative. Que ce soit pour les pièces jaunes de Bernadette Chirac, pour la Fondation Fugain, pour le Téléthon ou toutes autres oeuvre aussi importantes, j’applaudis. Mais je ne la regarde plus comme un télespectateur lambda, ma télé. Et je vois alors une autre misère. Celle qui veut que l’on donne un pourboire à une oeuvre qui mériterait d’être mieux payée. Un peu comme si, à l’issue d’un repas chez Maxim’s, on ne payait que l’équivalent d’un hamburger au fast food du coin.
Tout le monde le sait, même si personne ne s’en souvient à l’instant: Les groupes dirigeants des grandes chaînes ont déployé leurs ailes d’aigle et recouvrent de leur ombre les moineaux que sont les autres chaînes quand ce ne sont pas leur propre progéniture!
Des groupes comme Bouygues ou Lagardère pour ne citer que ceux-là ne font pas seulement dans le béton ou le papier. Ils sont côtés en bourse et se tournent naturellement dès lors vers tout ce qui bouge et peut rapporter. Une cotation en bourse, çà monte et çà descend. Mais le principe c’est qu’en tout état de cause, çà grimpe. Au final. Pour des sous, encore plus de sous. je ne vais pas entrer dans le détail. Juste dire que l’argent donné quatre ou cinq fois l’an aux oeuvres qui ont l’estime de la télévision n’est rien en comparaison des bénéfices de ces grands groupes. Pour s’en persuader, il suffit d’aller faire un tour sur l’Internet. Les profits de ces groupes sont à tomber et le sachant regarder une émission animée par Jean-Pierre n’a plus le même sens. Qui c’est qui paye?
Non, je préfèrerais lire dans la rubrique « Economie » de mon quotidien que tel ou tel groupe a offert, comme çà, sans aucune contrepartie la somme de 100000 Euros à l’association des personnes âgées de « Trifouillis-les-Dindons ». Si tu attendais un « Trifouillis les Oies », tant pis.
Et je dirais la même chose d’autres groupes que je peux te citer: Bolloré ou Dassault si tu veux.
Alors, sur l’émission elle-même, que tu as reconnue je suppose, il n’y a pas grand-chose à dire si ce n’est qu’il faut avoir été le dernier de sa classe ou une triple buse pour ne pas atteindre le premier palier. La encore la télé fait bien les choses. Toi qui la regardes, assis dans ton fauteuil, tu te délectes du temps mis par le candidat pour répondre à une question et donner la réponse que tu avais trouvée avant même les quatre propositions.Je vais peut-être te faire de la peine mais le temps que met le candidat à donner sa réponse est prévu. Oui, c’est volontaire et çà s’appelle du suspens. Cà fait partie du jeu. Après le premier palier çà se complique, un peu mais pas tout de suite, juste histoire de rendre l’émission crédible. Tu n’imagines tout de même pas que l’autre là-bas qui a sorti la belle cravate rouge à pois bleus sur une chemise à rayures va repartir avec 100 000 Euros en ne répondant qu’à des questions aussi difficiles que « comment s’appelle le chien de Tintin? »
La réponse, je te la donne: Le chien de Tintin s’appelle « Milou ». Juste au cas où…
Non pour masquer la pointe d’ironie que tu sens dans le texte, je terminerais juste en te disant que les questions d’un jeu sur une chaine grand public comme TF1 doivent être du même niveau que ses télespectateurs. On tire vers le bas n’en déplaise à tous les détracteurs qui passent leur temps à répéter qu’il en faut pour tout le monde. Non, la vérité c’est que les gens qui font de la télé savent parfaitement à qui ils s’adressent et ils se gardent bien de froisser leur susceptibilité.
Je vais m’arrêter là pour ce qui est des émissiosn qui veulent te faire croire que tout le monde est comme toi et qui finissent par obtenir que tu croies que c’est toi qui est comme tout le monde. Mais il y en a tant et tant à dire qu’un livre n’y suffirait pas.
Jambalaya…
La semaine prochaine, la suite. Portez-vous bien et surtout aimez la vie.