En apparence, cette étude paraît parfaitement anodine. Ce n’est que la 5000eme du genre tentant de comprendre des faits sociaux. On nous explique donc ici qu’une zone du cerveau masculin réagirait de la même manière qu’après absorption d’une drogue à la vision de certaines courbes féminines.
Depuis quelques années, la sociobiologie tend à envahir le champ scientifique. Ni science pure, ni science humaine, elle se situe à la croisée des deux et use et abuse de méthodes plus que discutables.
Le moindre de nos comportements doit être expliqué de façon biologique à l’aide des gènes, des hormones ou que sais je encore.
C’est ainsi que Sarkozy, qui n’avait fait que lire les quotidiens relayant ce genre d’âneries, avait affirmé que la pédocriminalité ou le suicide étaient peut être dus à un gène.
Revenond à cette étude qui continue la longue liste des « pourquoi les femmes préfèrent-elles le rose et les hommes le bleu » « pourquoi les femmes préfèrent elles les hommes au torse large ».
L’étude porte sur 14 hommes de 25 ans, échantillon important et représentatif d’une population s’il en est.
On leur a montré des corps de femmes tout en – je suppose – leur faisant passer un IRM.
Qu’oublient cette étude et la sociobiologie en général ?
- le poids culturel et historique. Observez les femmes considérées comme attirantes au 14eme siècle, au 18eme ou dans les années 20. Observez les modèles féminins dans d’autres pays aux cultures différentes. Vous constaterez qu’il n’y a pas un modèle universel.
Nous revenons aux sciences de la fin du 19eme et du début 20eme. On étudiait les crânes, la morphologie pour étudier des comportements sociaux, la criminalité par exemple. Aujourd’hui on utilise l’IRM. Lorsque cela porte sur la séduction, cela semble très anodin. Mais cela reste du déterminisme biologique qui représente toujours un danger profond.
Nos comportements sociaux – tels que l’attirance sexuelle – ne seraient plus guidés par notre culture, notre passé collectif et personnel , mais par la biologie, la nature commune à tout être humain.
L’attirance sexuelle ne serait plus que biologique et censée exprimer la volonté de faire perdurer l’espèce.
Rappelons enfin que l’IRM a permis de révéler que le cerveau est très plastique. On a ainsi montré que les zones actives du cerveau d’un pianiste professionnel se modifiaient lorsqu’il arrêtait son activité. On peut donc considérer que les zones s’activant ici s’activeraient différemment chez ces mêmes hommes, quelques années plus tard.
Constatez d’ailleurs que l’étude ne s’arrête pas là et qu’elle pourrait voir d’autres buts ; rechercher la cause de l’infidélité. Ce genre de sciences conduit donc à nier tout comportement social et individuel pour tenter que prouver que l’humain est guidé par une force qui lui échappe. Qu’on l’appelle destinée, dieu, destin ou gène, on n’est plus ici dans le domaine de la science mais de la croyance.