Homélie 2 Carême C 2010 – La Prière, le secret pour un Carême vivant

Publié le 27 février 2010 par Walterman

Dans la nature, les saisons impriment un rythme à la vie. Chaque saison apporte à la nature quelque chose qui pourvoit à sa croissance. C’est la même chose dans l’Eglise avec les saisons liturgiques. A chaque temps liturgique Dieu envoie les grâces dont nous avons besoin pour pouvoir grandir en sagesse, en sainteté, dans le bonheur. Mais nous ne bénéficions pas de ces grâces de manière automatique, à la manière dont les plantes bénéficient de la lumière du soleil. Ces grâces, nous devons les accueillir volontairement.

Mais comment ? Comment nous exposer à cette lumière surnaturelle qui nous fait grandir, qui transforme nos cœurs, durant de ce temps du Carême ? Aujourd’hui l’Eglise nous rappelle la méthode la plus efficace qui est à notre disposition pour accueillir toutes les grâces que Dieu veut nous accorder durant ce Carême : la prière.

Dans la première lecture de ce dimanche nous apprenons que

« Le Seigneur parlait à Abraham dans une vision. »

 

Elle nous rapporte le dialogue qui s’en est suivi. La prière, c’est cela. Il n’est pas nécessaire d’avoir des visions. Mais nous devons dialoguer avec Dieu dans la foi d’Abraham.

Le Psaume nous donne l’exemple d’une prière du roi David en face du danger :

« C’est ta face, Seigneur, que je cherche :
ne me cache pas ta face. »

Saint Paul, dans la deuxième lecture, rappelle aux chrétiens de Philippes qu’alors que la plupart des gens « ne tendent que vers les choses de la terre … nous sommes citoyens des cieux ». Nous nous occupons de Dieu – c’est la prière.

Enfin, dans l’Evangile, Jésus emmène avec lui trois de ses plus proches disciples à l’écart de l’agitation du monde, sur une haute montagne, pour y être seul avec eux, et leur enseigner la prière.

Posons-nous la question : où en sommes-nous dans notre vie de prière. Dans quel état est-elle ? Depuis un ou dix ans, avons-nous fait du progrès ? Si notre vie de prière n’est pas ce qu’elle devrait être, nous serons incapables d’assimiler toutes les grâces que le Seigneur veut nous accorder durant ces quarante jours, ces grâces dont nous avons vraiment besoin.

Les chrétiens de l’Antiquité ont réalisé des œuvres d’art magnifiques pour exprimer l’importance et les bienfaits de la prière. Une œuvre particulièrement remarquable se trouve à la Basilique Saint-Apollinaire in Class à Ravenne.


Ravenne était la capitale occidentale de l’Empire byzantin durant le Haut Moyen Âge. Les églises de cette époque reflétaient la grandeur à la fois de l’Empire et de l’Eglise. Elles comportent l’ensemble de mosaïques le plus important d’Europe. Une de ces mosaïques représente une petite fontaine blanche en marbre comme un charmant abreuvoir à oiseaux.

 

Le bord de la fontaine est décoré d’une lisière dorée. La fontaine est remplie d’une eau bleue limpide. Deux colombes sont perchées de chaque côté. L’une d’entre elles se penche pour boire, tandis que l’autre lève la tête pour regarder tout autour.

C’est la simplicité du tableau qui fait tout le charme de cette scène : tout juste quelques figures, élégamment arrangées, avec des couleurs pures, éclatantes. La beauté symbolique de l’image provient de sa signification profonde. La fontaine en marbre, c’est l’Eglise. L’eau limpide dans la fontaine, c’est le Christ, l’eau vive. La colombe qui s’abreuve, c’est l’âme chrétienne, qui se remplit de la grâce. L’autre colombe représente le Saint Esprit, qui veille sur chacun de nous et qui nous accompagne.

C’est la prière qui vivifie et qui rafraîchit nos âmes, tout comme l’eau pour la colombe. La mosaïque montre la place centrale de la prière dans la vie d’un chrétien : l’Eglise, le Christ, le Saint Esprit, l’âme humaine – tous se rejoignent dans l’unité vivifiante de la prière.

Le Catéchisme de l’Eglise catholique va jusqu’à affirmer que la prière est constitutive de notre relation vitale personnelle avec Dieu, et pour autant, notre bonheur dépend directement de la qualité de notre vie de prière :

2558 " Il est grand le Mystère de la foi ". L’Église le professe dans le Symbole des Apôtres (Première Partie) et elle le célèbre dans la Liturgie sacramentelle (Deuxième Partie), afin que la vie des fidèles soit conformée au Christ dans l’Esprit Saint à la gloire de Dieu le Père (Troisième Partie). Ce Mystère exige donc que les fidèles y croient, le célèbrent et en vivent dans une relation vivante et personnelle avec le Dieu vivant et vrai. Cette relation est la prière.

Tous, nous devons nous interroger au sujet de notre vie de prière en toute honnêteté. Si notre vie de prière ne s’est pas améliorée depuis un an, nous devons prendre les mesures qui s’imposent. Il y a encore tant de choses que Dieu veut faire dans nos vies. Améliorer notre vie de prière signifie : lui permettre de le faire.

Un moyen tout simple consiste à programmer tous les jours un temps de silence. Nous ne laissons jamais passer un jour sans prendre au moins une douche, car nous savons que notre corps en a besoin. Nous ne restons jamais une journée sans manger, car notre corps a besoin de nourriture. Beaucoup de sportifs prennent du temps tous les jours pour s’entraîner, car ils savent que leur corps a besoin d’exercices.

Pourquoi n’en faisons-nous pas autant pour nos âmes ? C’est à cela que sert un temps de silence quotidien. C’est un rendez-vous en tête à tête avec le Seigneur, pour lui permettre de rafraîchir, de nourrir et d’entraîner notre âme.

Ce n’est pas compliqué du tout ! Il suffit pour cela de choisir un moment et un endroit où l’on ne risque pas d’être dérangé. Ensuite il faut faire trois choses :

D’abord, faire mémoire. Se souvenir que Jésus est avec vous et veut être tout près de vous. Pensez à toutes les grâces qu’il vous a déjà accordées.

Puis, lire. Prendre un livre : la Bible, ou un livre de prière, et lire un ou deux paragraphes, lentement, sans précipitation. Prenez, par exemple, l’Introduction à la Vie Dévote, de saint François de Sales.

Enfin, réfléchir. Méditer ce que vous avez lu. Ecouter ce que Dieu veut vous dire à travers ce que vous venez de lire. Et l’appliquer à votre vie.

Se souvenir, lire, réfléchir. Vous ne verrez pas passer le temps. Les quinze minutes seront écoulées, et Dieu vous aura donné une parole d’encouragement pour vous aider à vivre comme il l’attend de vous.

La prière est le secret pour boire toutes les grâces que Dieu tient en réserve pour vous. Aujourd’hui il espère que nous deviendrions de meilleurs priants. Ne le décevons pas.