Te souviens-tu des étés passés au soleil, à regarder le ciel sous un pommier ?
Te souviens-tu des cris d’espoir et de joie que poussaient les oiseaux, de la chaleur qui nous entourait, de l’amour qui resplendissait ?
Te souviens-tu des mots prononcés par nos lèvres si proches et si lointaines, si attirées, comme des aimants, si repoussées, comme celles de deux ennemis qui s’aiment malgré tout ?
Te souviens-tu des étoiles qui brillaient dans le ciel, qui illuminaient nos nuits, et nos coudes posés sur le rebord de la fenêtre, qui nous faisaient mal ?
Te souviens-tu de nos visages rougis par la sueur, et les gouttes qui perlaient sur nos tempes, qui inondaient nos corps ?
Te souviens-tu des regards échangés, des sourires timides qui furent dessinés, des sourcils froncés dans la recherche de compréhension de l’autre ?
L’été s’est terminé, l’automne est arrivé, puis l’hiver, puis le printemps, et puis, à nouveau l’été.
Mais tu n’étais plus là, tu avais disparu, comme par enchantement.
Je t’ai attendu, j’ai usé mes coudes sur le rebord de la fenêtre, j’ai remis le CD, notre CD, ce concerto pour violoncelle qui laissait libre cours aux cris de nos âmes tourmentées.
J’ai attendu, attendu, que tu reviennes, une fois, seulement une fois, un regard, un signe, une pensée, je l’aurais captée.
Le temps est passé, il a filé sous les ponts, comme la Seine, comme nos amours fugitives, comme cette amitié qui venait de débuter.
Nous étions jeunes, si jeunes, si petits, si innocents.
Et pourtant, tu n’es jamais revenu.
J’ai doucement baissé le son, jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’un murmure, un souffle, comme si tu parlais, chuchotais à mon oreille.
En vain.