Les noms d'oiseaux volent bas à Berlin entre les partenaires de coalition. C'est le ministre des Affaires étrangères et vice-chancelier libéral, Guido Westerwelle, qui a lancé les hostilités en comparant l'État providence allemand à la Rome de la « décadence » après que la Cour constitutionnelle a exigé du gouvernement qu'il relève les prestations sociales pour les enfants pauvres.
« Comme si c'était un réflexe pavlovien, on dit que désormais il ne peut plus y avoir d'allégements fiscaux pour les citoyens, parce que l'argent doit être utilisé pour augmenter les prestations sociales », s'est emporté Westerwelle en réclamant la suppression du système Hartz IV au profit d'un « revenu citoyen », un système simplifié, moins coûteux et moins généreux.
Introduit en 2004, Hartz IV était le volet le plus controversé de l'ensemble de réformes libérales menées par l'ancien chancelier social-démocrate Gerhard Schröder. L'aide sociale et les allocations aux chômeurs de longue durée avaient été fusionnées, à la suite de quoi il reste un forfait mensuel de 359 euros, calculé de façon opaque. L'idée était de doper l'économie en poussant les chômeurs à chercher un emploi et en réduisant le coût des dépenses sociales. En 2005, d'importants mouvements de grève et des manifestations dénonçant la misère sociale avaient secoué l'Allemagne. Et Schröder, fâché avec l'aile gauche du parti et les syndicats, avait perdu les élections dans la foulée.
Sur la santé, le plus grand chantier à venir, le FDP (Partis libéral démocrate) souhaite introduire des cotisations fixes, indépendantes des revenus des salariés. Il s'agit d'une application du principe libéral classique de l'impôt par capitation. La CSU, petite soeur social-conservatrice bavaroise de la CDU, s'y oppose résolument, arguant qu'une telle réforme remettrait en question le principe de solidarité.
Une fois encore, l'alliance objective des conservateurs et des socialistes vise à empêcher la mise en oeuvre de réformes libérales. C'est pour cela qu'il faut soutenir Guido et le FDP.