Benezzo Gonzzoli, XVe siècle
Lucas Cranach, 1530
La Caravage, 1607
Le Guerchin, 1637
Gustave Moreau, 1876
Odilon Redon, 1885 environ
Lévy-Dhurmer, 1896
Franz von Stuck, 1906
V. Surenyants, 1907
On peut voir Salomé en peinture ! (Ou : “Vaut mieux l’avoir en peinture qu’à table !”)
C’est peu de le dire… Cette histoire biblique en a fasciné plus d’un…
Récapitulons : en gros, Salomé est la fille d’Hérodiade qui quitte son mari (!), dix ans après avoir eu Salomé, pour épouser le frère de celui-ci (Hérode Antipas). Jean-Baptiste condamna cette pratique et fut alors emprisonné par Hérode, tétrarque de Galilée. Lors d’un festin-anniversaire en l’honneur d’Hérode (on savait s’amuser), on demanda à Salomé de danser. Celle-ci s’exécuta avec brio, séduisant ainsi son beau-père (!), qui, totalement sous le charme voulut la remercier en lui promettant ce qu’elle voulait, “fût-ce la moitié de son royaume”. Salomé alla demander conseil à sa mère, qui sans hésiter, ordonna qu’on lui amène, sur le champ, la tête de Jean-Baptiste sur un plat (quand je vous dis qu’on savait s’amuser). Hérode, un peu gêné aux entournures, obéit tout de même, forcé par son engagement public. Un garde alla se charger de la besogne.
De la fin du Moyen-Âge jusqu’au XVIIe siècle, on utilisait l’histoire de Salomé dans un but éducatif, pour montrer ce qu’il ne fallait pas faire (avoir un comportement lascif, etc..), quitte à enrichir l’histoire biblique de légendes qui donnaient à la mauvaise femme une fin édifiante. Mais, comme on l’a déjà dit, dans la deuxième moitié du XIXe, la misogynie des artistes s’en est emparée, comme d’autres figures, pour en faire le symbole de la femme qui utilise ses charmes pour tuer, bref, la femme fatale.
Selon Sabine de La Haye, passionnante sur cette page : “Cette princesse juive ne symbolise pas seulement la figure traditionnelle de la Luxure; elle désigne aussi la hantise fondamentale d’une époque qui découvre les puissances inquiétantes de l’inconscient et qui cherche à exorciser par la psychiatrie le trouble horrifié d’une sexualité exacerbée et par là même diabolisée. Les justifications scientifiques et le discours médical dominant de ces années-là qui concourent à désigner le sexe de la femme comme la source de tous les maux et de tous les détraquements physiques (la syphilis) et mentaux (l’hystérie), contribuent à cristalliser les phantasmes d’une époque perdue dans les vertiges d’une sexualité trouble.”
D’où la fascination des peintres, mais aussi des compositeurs, des écrivains de cette époque pour cette figure du Mal qui leur fait peur…