Heroes, ou la descente sans fin d’une série dans les tréfonds du néant scénaristique. En bref, c’était de pire en pire, et il n’y avait que la petite curiosité nostalgique de quelques belles idées entrevues qui guidaient le spectateur. Dire que la saison 4 devait être celle de trop raccourcit le débat. Après une première année prometteuse mais bâclée, une deuxième ratée et une troisième catastrophique, Heroes n’était vraiment pas la série à attendre cette année. On nous rassure tout de suite, ce n’était pas complètement faux.
Le volume 5 donc. Oui, car Heroes devait nous faire passer des « chapitres », à raison de plusieurs chaque année, histoire de découper le récit en volumes et coller au modèle de la bande dessinée. Comme le reste, ça a été oublié en chemin, et au final Redemption (le 5e volume donc) s’avère être la totalité des 19 épisodes de l’année. Après être passé à la moulinette des scénaristes (un tant fugitifs, puis héros, puis méchant, puis.. On ne sait plus trop), Heroes reprends les bases. Un groupe de gens à pouvoir, qui tentent de faire leur vie. A ceci près qu’ils sont évidemment rattrapés par les évènements, et leur passé. Passé, soit la grenade préparée en fin de quatrième volume, avec un mix Sylar/Nathan dont il était facile d’en faire un enjeu de l’année. Présent, avec l’arrivée d’un curieux groupe de personnes, des gens à pouvoir vivant comme un carnaval ambulant, solution pour eux de vivre en paix. Leur leader, Samuel (formidable Robert Knepper), cache cependant de terribles secrets dans ses motivations à rassembler des gens à pouvoir.
Les enjeux sont posés. Et finalement on s’en moque un peu, car les meilleurs moments sont totalement déconnectés de la trame principale. Rappelez vous, cela reste Heroes, même si le créateur Tim Kring a repris les commandes. On voit donc Parkman se débattre avec un bout de Sylar dans sa tête (marrant), Hiro se découvrir mourant et tenter de réparer ses erreurs (le fan de SF aura des questions sur ces voyages temporels), et c’est à peu près tout. Noyé dans une léthargie de l’histoire, qui aurait largement pu être comprise en moitié moins d’épisodes, Heroes étend son idée pour y placer des moments moins intenses, mais compris dans la thématique : Matt retrouve sa famille, encore et encore. Claire et son père ont toujours autant de problèmes, encore et encore (mis à part une pseudo tentative de faire de la jeune fille une bisexuel, passons). Bref, Heroes ressasse ses vieux démons, tout en tentant de poser une histoire moins chaotique. On se retrouve au final avec une saison plus constante que les précédentes, mais tout aussi décevante par rapport aux caïds du genre (même si la série récupère un ex-cylon). Se voulant toujours grand public, Heroes n’aura jamais la noirceur ou la maturité d’une réelle série de SF, même en conservant quelques moments assez gores, mais peut être cela veut il dire que nous devons chercher autre chose…
Nous voilà donc avec une saison revenue à hauteur de la première, et tout aussi ratée au final. Le retour de Kring à la barre se sent, mais ne réussit pas à transcender ce que la série est devenue. L’idée d’une cinquième saison serait plaisante si cela impliquait une vraie révolution pour elle, mais on ne peut guère espérer de sursaut créatif. Tout cela reste donc entre les mains de la chaîne!