Amur déçu:
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Toute discussion est impossible avec toi. Je n’ai plus qu’une chose à te dire: c’est que j’ai toujours eu ce désarroi de l’esprit, et écrasement du corps et de l’âme, cette espèce de resserrement de tous mes nerfs, à des périodes plus ou moins rapprochées… Je suis à bout de nerfs, à bout de raisons; au lieu de me ménager, tu m’accables (…) Mais moi, je n’ai plus de raisons, je n’ai pas d’excuses à te faire, je n’ai pas à discuter avec toi. Je connais ma vie et cela me suffit. Et, au moment où je commences à rentrer dans ma vie, de plus en plus tu me sapes, tu recommences mes désespoirs (…) tu en reviens à quelqu’une de tes misérables ratiocinations, tu recommences le déballage de tes mauvaises raisons qui s’attachent à des détails infimes de moi-même, qui me jugent par le petit côté (…) tu saccages avec des mains de colère, la matière même de mon cerveau (…) laisse un peu que la vie m’abandonne, se fasse étale en moi, devant moi. Ne m’accable plus. Assez1.
Antonin Artaud, Lettre de ménage.
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1 Evidemment, ce texte fut considéré par quelques femmes comme misogyne. Il ne faudrait toutefois pas se moquer du monde : il s’agit d’une femme et non des femmes. Déclarer ce texte misogyne revient à fuir la réalité : Il s’agit encore de mettre toutes les femmes dans « le même sac » en pensant que toutes sont forcément innocentes et seulement victimes ! C’est du sexisme. Pour paraphraser une déclaration célèbre, disons que L’égalité verra le jour lorsqu’’un homme pourra engueuler une femme qui l’a mérité sans qu’on y trouve à redire. Et vice-versa.