C’est avec ce livre que René Frégni a gagné, en octobre 2009, le prix Monte Cristo, réservé au témoignage personnel sur une erreur judiciaire.PréambuleNi pamphlet ni réquisitoire contre la justice, ceci est le simple récit d’un homme qui eut la naïveté ou commit l’imprudence de rester parfois humain. C’est l’histoire simple de chacun de nous et cependant c’est une histoire de ténèbres. Un voyage où le bien et le mal ont le même visage. Plus vous croyez bien faire et plus vous vous enfoncez dans la nuit. Telle est la malice de ceux qui ont construit le labyrinthe : le diable, le bon dieu et sans doute chacun de nous.
L’auteur raconte ici sa propre histoire ou comment sa vie d’homme honnête, d’écrivain célèbre, de père attentionné a basculé un jour pour avoir accordé sa confiance à des gens dangereux ! Un jour on est venu l’arrêter et sa vie a basculé dans l’enfer de la garde à vue, des prisons sordides et surtout de l’entêtement d’un juge type Outreau. Quatre ans d’enfermement et un jour enfin, on reconnaît que son dossier est vide, ce que tout le monde savait depuis longtemps, y compris les policiers. Le juge qui l’a harcelé d’une manière toute kafkaïenne, après avoir violé la présomption d’innocence et alerté la presse, s’est acharné sur lui durant ces quatre années sans jamais lâcher prise un instant !L’accusation : blanchiment d’argent saleLes faits : René Frégni anime avec succès des ateliers d’écriture dans les prisons. Un jour une femme de Manosque, sa propre ville, lui demande de l’emmener dans sa voiture voir son ami dans cette prison. Quelques visites plus tard, cette femme ayant trahi sa confiance, il renonce à lui rendre ce service, Dès lors, pour se venger, avec l’aide de ses frères, elle persécute l’auteur et sa famille. Quand elle s’attaque à sa petite fille, Frégni fait appel à un de ses anciens de l’atelier d’écriture, un caïd du milieu marseillais qui remet les choses en place et qui, par la suite, ouvrira un restaurant à Manosque avec lui. De là ses ennuis ! J’ai beaucoup aimé ce livre que j’ai trouvé très prenant ! Difficile de ne pas le lire d’une traite tant les faits s’enchaînent de façon implacable et déraisonnable ! J’en frémis encore en pensant que de telles erreurs judiciaires peuvent se reproduire et détruire à nouveau si facilement tant de vies innocentes !
J’ai également beaucoup apprécié la belle, calme et sereine écriture de l’auteur. Il ne crie pas, ne vitupère pas, ne moralise pas à outrance non plus. Il dit sa peine, son effarement, sa solitude aussi !L’écriture le sauve qui est la seule arme qu’il possède pour dénoncer ce crime judiciaire.Au départ, il voulait tuer le juge. A la fin , il s’est contenté de terminer son roman ! Il avait retrouvé une certaine forme de sérénité !
Premières phrases : « Le 17 octobre à trois heures de l’après-midi j’ai plaqué mes mains sur mon visage et je suis resté de longues minutes derrière le velours noir de mes paupières. Quand j’ai ouvert les yeux j’avais pris une décision, j’allais tuer le juge. »Dernières phrases : « Je m’installerais devant une petite fenêtre, j’ouvrirais un cahier, remplirais mon stylo. Cet homme je le tuerais avec ma plume, face à la lumière, au vent et à la mer. »Tu tomberas avant la nuit de René Frégni
(Folio, 2008, 172 p)