Le nauséabond débat sur l'identité nationale, au départ initié par Patrick Buisson, conseiller très spécial du président et ancien directeur de Minute, torchon d'extrême droite, puis piteusement conduit par Eric Besson, le félon sherpa de service, nous aura tout de même appris une chose. C'est que le racisme, ordinaire ou pas, ne touche pas que des franges de la population, bourgeoise ou défavorisée, mais infeste une bonne partie de nos chers élus. Et pas des moindres…
Certes on se souvient du discours raciste de Chirac de 1991 évoquant “le bruit et l'odeur” des familles noires et musulmanes . On se remémore le très populiste “moutons égorgés dans les baignoires” de Sarkozy en campagne présidentielle de 2007 visant à siphonner les voix du Front National. Ces deux-là avaient donné le ton. Force est de constater qu'ils étaient les arbres qui cachaient une forêt de politiciens xénophobes et ségrégationnistes.
La récente polémique sur Ali Soumaré a montré à quel point la perspective d'un élu noir, issu des banlieues de surcroît, donnait de l'urticaire à nos chers représentants de l'état. Ainsi après avoir comparé le susnommé à un joueur réserviste du PSG, Francis Delattre, maire de Franconville a cru bon de devoir fouiller dans le passif du candidat. Et de se planter lamentablement, relayé en cela par Ponia junior.
La perspective d'un Obama frenchie à la tête du pays n'est pas pour demain. Ni même un “auvergnat” si cher à Hortefeux. Le rouquemoute n'avait-il pas sorti à leur encontre aux universités d'été de Seignosse : “ quand il y en a un ça va; c'est quand il y en a beaucoup qu'il y a des problèmes.” Chirac (encore lui) et son ami Juppé n'avait fait guère mieux quelques semaines plus tard lors d'une promenade girondine : “A mon avis, il est pas tout à fait né natif de là…“, avait-dit Chichiman au maire de Bordeaux, après avoir salué un jeune homme au teint hâlé qui s'était présenté comme habitant une commune voisine, Lormont. Le maire de Bordeaux avait achevé le travail en souriant : “Il n'est pas corrézien“, en référence à la Corrèze, département d'attache de l'ancien président.
Que dire de la saillie d'André Valentin, maire UMP de Gussainville, qui, après un de ces débats douteux sur l'identité nationale, dans une salle de Verdun à moitié vide et devant un public âgé, s'était lâché sans vergogne aucune devant les caméras de France 2. Ce débat est “indispensable” avait-il assuré. “Il est temps qu'on réagisse, on va se faire bouffer“. “Par qui?” lui avait demandé un journaliste. “Y'en a déjà dix millions“, “Dix millions que l'on paye à rien foutre” avait-il répondu faisant ainsi allusion aux immigrés.
Dans le même ordre d'idées, le Canard nous rappelle qu'en 2007, la délicate Sylvie Noachovitch, candidate UMP à Sarcelles, avait confié au cours d'un repas qui réunissait les jurés d'un prix littéraire qu'elle était fidèle à son mari car, dans sa circonscription, “il n'y a que des noirs et des arabes et l'idée de coucher avec l'un d'entre eux me répugne“.
On pourrait continuer à l'infini le recensement de ces dérapages verbaux et autres infamies. Qu'on se le dise, les propos racistes ne sont pas l'apanage du café du Commerce. Les élus de la république donnent le piteux exemple d'une nation aigrie, refermée sur elle-même, où la haine du voisin est érigée en dogme. Un pays comme cela est un pays qui agonise…