Avant de lire les
aventures du petit Gael à Paris puis à Bruxelles, je tenais à écrire cet article sur la pièce de théâtre que j'ai vu ce soir. C'est la seconde fois que je vois une pièce de la troupe Strollad ar
Vro Bagan (voir ici) et je suis à nouveau émerveillé de voir la créativité de Goulc'han Kervella. Ayant appris la
tournée de cette pièce en breton par le Peuple breton, j'ai couru acheter une place au plateau des 4 vents à Lorient.
Cette pièce avait pour thème l'émigration. Bretagne, terre d'Exil, terre d'Asile? A l'heure où l'immigration est un sujet phare de la politique, cette pièce remet les pendules à l'heure et nous
rappelle qu'avant d'accueillir, nous avons été nous-même accueillis. Un flash-back essentiel pour qui ne connaît pas bien l'histoire de Bretagne.
En plusieurs tableaux, les acteurs (dont d'ailleurs Yannig Bigouin, second de la liste
Europe-Ecologie Bretagne en Finistère) jouent des scénettes décrivant la vie de Trélazé entre 1865 et 1890, celle du Canada entre 1904 et 1906, de la Dordogne dans les années 30, des Bretons de
Paris entre les deux guerres, des réfugiés espagnols fuyant Franco en 1939 (Plougasnou), de la "guerre des jupons" à Huelgoat opposant Bretons et Italiens en 1930, des Bretons d'Amérique, à
nouveau des Bretons de Paris à partir des années 50 puis de la Bretagne actuelle, terre d'immigration.
De l'extrême pauvreté aux Maliens de
Montfort-sur-Meu en passant par les slogans UDB des années 60 ("non à la mobilité du travail") et aux militants ayant accueillis des basques, cette pièce a un goût de révolte. Breizh-America, 500
ans de résistance! Devant l'intolérable ministère de l'identité nationale, la troupe léonarde sait montrer subtilement où se cachent le racisme et l'exploitation capitaliste. La conclusion m'a
fait penser à cette vidéo dans laquelle mon pote Gwendal dénonce le racisme des Identitaires et promeut la Bretagne de Stivell et de Youssou N'Dour (voir ici).
Toujours aussi populaire, la troupe expose des thèmes de façon complexe (l'exil des Bretons vers Angers dans les ardoisières en pleine grève ouvrière, la misère qui suivit et le rêve d'exil en
Argentine, le rôle de la religion, les bécassines, la famille Gwernig à New York et le fils ne reconnaissant pas la Bretagne comme son pays...). Un vrai régal et une mise en perspective utile
pour nous autres jeunes.
La soirée s'est terminée par une vente du Peuple breton par votre serviteur avant de rejoindre quelques bretonnants à la Taverne ar Roue Morvan! Ha komzet 'm eus brezhoneg evel just!