Las Vegas de nuit
Voilà bien 20 ans, plus peut-être, que certaines organisations écologistes, sur la base de rapports scientifiques, alertent sur une menace sans précédent pour l’espèce humaine : celle d’un réchauffement climatique généralisé qui apportera, à terme, mort, sinon désolation. Ce changement radical paraît depuis longtemps lié aux activités humaines productrices de gaz à effet de serre, dont le plus incriminé jusque-là est le gaz carbonique ou dioxyde de carbone. Sommet de la Terre à Stockolm en 1972, Conférence de Rio en 1992, Protocole de Kyoto en 1997, Sommet de Copenhague en 2009… Combien de retard pris puisqu’il y aurait urgence ? Combien de trains ratés vers un développement plus raisonnable, plus juste, partagé ?
L’EFFET DE SERRE, UNE MALEDICTION ?
Sans donner une nième définition de « l’effet de serre » (Voir schéma ci-dessus), on peut tout simplement rappeler qu’il suffit d’avoir mis les pieds dans une serre en plein été, jour de grand soleil, pour comprendre ce qui est en train de nous arriver en plus lentement. A grande échelle, la cloche de verre qui repose sur une plante quand on veut la protéger du froid est constituée par l’atmosphère toute entière, soit un machin transparent de 40 km d’épaisseur, parsemé de nuages occultants. Pour nous terriens, l’air nous prtotège à la fois du froid glacial venu de l’espace et de la chaleur mortelle que nous procure le soleil. Alors, doit-on banir pour autant le concept d’effet de serre ? Non, évidemment non ! Pas sur Terre. Enfin, pour le moment. Pour comprendre, comparons Vénus, la Terre et Mars.
En bas, cas de Venus ; au milieu, cas de la Terre ; en haut, cas de Mars
Vénus est située à environ 108 millions de kilomètres du soleil ; un peu trop proche pour que la vie n’y puisse apparaître. Son atmosphère, dense (90 fois la notre) et constituée à 95% de dioxyde de carbone (comme à son origine), connaît des températures avoisinant les 480°C ! Sa proximité par rapport au Soleil n’explique pas tout, c’est surtout dû à l’énorme quantité de gaz carbonique qui l’enveloppe.
Mars se situe à la limite de la zone d’habitabilité dans le Système Solaire, soit à 228 millions de kilomètres de notre étoile. Son atmosphère a été presque entièrement perdue, la gravité sur Mars étant trop faible pour en assurer la rétention. Bien que composée à 95% de gaz carbonique, elle est trop ténue (pression atmosphérique de 6 millibars) pour retenir la chaleur : en moyenne, il y fait -40°C !
Finalement, on est bien que sur terre. Des 95% de gaz carbonique dont l’atmosphère terrestre était pourvue à l’origine il n’en reste pas beaucoup, les roches ont tout « mangé » (Voir Cycle du carbone). 0,03% de gaz carbonique en 1900 ; 0,035% en 2000. C’est peu mais c’est ce qui fait que la température moyenne de notre planète est de +15°C. Sans ce gaz, bien à tord maudit, le bilan serait négatif : au alentour de -18°C en moyenne. Pour exemple, 4 à 5°C de moins et c’est la glaciation. Vive l’effet de serre, donc.
QUAND L’EFFET DE SERRE NOUS MENACE
Allons pour 2°C seulement, scénario probable. Cela paraît peu, en fait peut-être rêver certains, mais les conséquences prévues seront catastrophiques sur bien des plans. Selon le rapport Stern, remis au gouvernement britannique en 2006, le réchauffement climatique pourrait déjà coûter plus d’un demi milliard de milliards d’euros à l’économie mondiale dans les années à venir. Or, les services rendus par les écosystèmes à l’humanité sont évalués à près de 5000 € par personne (humanité entière) et par an. Nos économies ne résisteraient pas à une dégradation massive des écosystèmes.
Sur le plan écologique, les conséquences seront innombrables. Pour donner une image, ma Normandie de 2100 ressemblera aux environs d’Alger et le sud de la France sera quasiment transformé en savane désertique. Plus sérieusement, le nombre de tempêtes risquent de croître (rien n’est certain) et leur puissance sera plus dévastatrice comme à New-Orleans (Nouvelle-Orléans). Le niveau des mers augmentera de quelques décimètres (1 à 2 m selon les estimations). Suffisamment pour devoir déplacer trois centaines de millions d’êtres humains habitant actuellement
On pourrait citer aussi le dérèglement des moussons, provoqué par le réchauffement, les caprices d’El Niño quand il apporte sécheresse ici ou déluge là et, bien que ces phénomènes soient encore mal connus, on leur attribue déjà 300000 morts par an et le nombre ne cessera d’augmenter : cette année (2009), on annonce 500000 décés causés par la crise écologique commençante..
DES GAZ DITS A EFFET DE SERRE
Gaz à effet de serre
Autre gaz à effet de serre et non des moindres, le méthane, prisonnier des fonds marins gelés ainsi que des pergélisols (= permafrost) des régions arctiques, est de plus en plus libéré avec la fonte que subissent ces derniers, liée au réchauffement général. Cercle vicieux quand on sait que le méthane intensifie 20 fois plus l’effet de serre que notre gaz carbonique ne le fait déjà. Ce gaz est produit, par ailleurs, par la fermentation dans les marais, dans les décharges d’ordures, les rizières innondées et… par le processus de digestion des ruminants, bovins en particulier. Au passage, l’empreinte carbone d’une viande rouge est catastrophique et l’on pourrait s’en passer.
Les gaz à effet de serre sont plus nombreux qu’on ne le croit et leur concentration dans l’atmosphère croît chaque année. L’oxyde nitreux (2 fois plus puissant que le gaz carbonique) est produit par l’action des bactéries du sol sur les engrais azotés. Quant aux CFC (chlorofluorures de carbone ou halocarbures), en plus de s’attaquer à la couche d’ozone, ils sont mille fois plus puissants que le gaz carbonique !
EFFETS REGULATEURS ?
On me dira que des changements climatiques il y en a eu dans le passé géologique de la planète et qu’il n’y a pas de quoi s’affoler ; qu’il existe autant de systèmes régulateurs naturels tels les « puits de carbone« . Cela est vrai à quelque chose près : premièrement, cela se passait sur des temps géologiques. Il y avait un laps de temps suffisamment ample pour permettre une adaptation générale des écosystèmes ; deuxièmement, la Terre n’a jamais porté 6,5 milliards d’individus par le passé ; troisièmement, les teneurs en gaz carbonique dans l’atmosphère des 500000 dernières années n’ont jamais dépassé les 0,3% (300 ppm) . Ce qui reste certain, c’ est la corrélation entre augmentation du taux de gaz carbonique atmosphérique et réchauffement climatique. Ce qui se passait sur 20000 ans, l’ère industrielle l’a fait en moins de deux siècles.
DES PUITS DE CARBONE ?
De même pour les forêts considérées pareillement comme « puits de carbone » efficaces. La déforestation (1,7 milliards de tonnes de gaz carbonique par an = 1/3 de la superficie de la France brûlée chaque année) pour l’usage agricole des sols et l’urbanisation réduisent encore le rôle compensatoire de la biosphère. Le phénomène est également accentué par la désertification liée au réchauffement climatique. Les incendies de forêts ne sont pas de reste ; l’augmentation des températures réduit l’humidité dans les sous-bois, ce qui facilite leur propagation. Reboiser n’est qu’une solution temporaire, à moins de stocker tout le bois produit par la photosynthèse et reboiser à l’infini. Mais le stress subit par les végétaux en raison du réchauffement ainsi que la prolifération de parasites devraient faire passer les forêts du rôle de capteur de carbone à celui d’émetteur.
L’HOMME EST-IL SEUL RESPONSABLE ET QUE PEUT-IL FAIRE ?
Il serait honnête de dire que les solutions en vogue ou en vue en termes d’énergétique posent des problèmes d’éthique (agrocarburants « alimentaires »), de limitation de production (algocarburants, biomasse), de régularité dans les rendements (énergie solaire, éolienne) ou encore de stockage de déchet hautement dangereux (nucléaire). Chaque concept doit pourtant trouver sa place mais rien ne saura remplacer dans l’immédiat le pétrole et tous les avantages qu’il apporte. Pour exemple de ce qui ferait le plus défaut à l’humanité de demain, si elle ne réagissait pas immédiatement, je citerai les matières plastiques (4% du pétrole produit) et les médicaments (>4%). Il faudra aussi se passer des cosmétiques.
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