Un recueil d’aventures par Steve Moore & Arthur Adams, éditions Semic 2005, collection « Semic Books ».
Résumé 4e de couverture : Comme son nom ne l’indique pas, Jonni Future est une charmante brunette, un peu narcissique. Elle va endosser, malgré elle, le plus sexy des costumes pour reprendre la quête aventureuse de son oncle Johnny Future. Assistée par un léopard aux qualités spéciales qui attendait l’arrivée de la charmante héritière, le couple ainsi formé va se lancer à bord du Coelacanthe dans une série d’aventures au caractère initiatique, au sein d’un univers peuplé de créatures diverses et parfois dangereuses…
Une chronique de Vance
Cet album avait attiré mon attention début janvier, alors que j’avais la ferme intention de revenir des soldes avec au moins un truc valable. Le premier critère est donc le prix (5,90 € au lieu des 11,90 € habituels). La couverture était avenante, avec une typographie rappelant les grandes saga de fantasy. Mais c’est surtout le nom de l’artiste qui acheva de me convaincre. Arthur Adams n’est pas mon dessinateur préféré, mais comment oublier son run sur les Nouveaux Mutants et notamment l’incomparable saga en Asgard ? A cette époque, il m’avait fasciné par ses personnages sylphides mais harmonieux et sa précision, mais aussi par un dynamisme rare chez les illustrateurs fondus d’esthétique. Après avoir sévi de fort belle manière sur Longshot, il avait un peu disparu. Je l’avais retrouvé, presque par hasard, dans un one-shot où les Gen13 rencontraient Monkeyman & O’Brien, des héros de sa création. Son style avait alors changé, se radicalisant : les personnages féminins étaient toujours somptueux mais les visages se standardisaient et les traits s’alourdissaient, l’accent étant porté sur le cadrage et la mise en page et une certaine idée de l’action.C’est sans doute un des facteurs qui m’ont déçu dans cet album. Certes, Jonni est mignonne comme tout : une silhouette de rêve quelque part entre les crayonnés de Jim Lee (pour la sveltesse) et Frank Cho (pour les courbes – ils ont d’ailleurs coopéré récemment sur une aventure de Hulk contre Ms Marvel et on ne savait sincèrement plus à quel sein se vouer…). Mais on peine à la reconnaître dans les (nombreuses) cases où elle côtoie d’autres beautés plantureuses. Toutefois, si la mise en page reste classique, les points de vue adoptés permettent de conférer un vrai élan à la lecture, même si la multiplication des décadrages, plongées et contre-plongées semblent davantage là pour mettre en valeur le postérieur ou la poitrine de l’héroïne.
Steve Moore, quant à lui, m’était inconnu. Seuls les amateurs de Dan Dare ou de la série Dr Who sont capables de le remettre. Il signe ici des scripts très courts (8 pages, originellement destinés à l’anthologie Tom Strong’s Terrific Tales) dans lesquels on ne s’embarrasse guère de détails. On ne saura pas grand chose de Jonni : elle reçoit sa « mi-maison » (oui parce qu’elle dispose d’un pont qui ne mène nulle part - en apparence) d’un oncle disparu qu’elle n’a rencontré qu’à l’âge de 4 ans. Elle trouvera des récits d’aventure publiés dans des pulps de mauvaise qualité, racontant les exploits de Johnny Future dans des dimensions ésotériques. Elle s’apercevra, bien entendu, que tout est vrai : son défunt oncle était le justicier d’un futur lointain où la Lune a été kidnappée, le Soleil se meurt et l’orbite terrestre est constituée d’un Agrégat de planétoïdes abritant des peuples aux mœurs étranges. Planifiant sa venue, il a fait d’elle, par testament, sa remplaçante, comptant sur Jermaal Pan Pavane, le Para-Man félinoïde, pour lui indiquer la voie à suivre. Elle n’hésitera pas longtemps…
Ainsi, malgré les courbes voluptueuses des nombreuses femmes ornant ces aventures, c’est bien sur le caractère décalé que se porte l’intérêt principal de l’œuvre. Avec des titres comme the Moth-Women of the Myriad Moons ou the Witch of the World’s End, on nage en plein délire entre les chroniques de Pellucidar et les sagas de Philip José Farmer. Ca respire l’esprit des pulps, ces magazines des années 40 imprimés sur du papier de mauvaise qualité et qui attiraient l’attention par des couvertures de mauvais goût mettant presque invariablement en scène de faibles femmes confrontées à des montres répugnants. Ici, cette facette revival new age est complètement assumée. Jonni affrontera des mites femelles géantes, Cancer Bleu (la dernière représentante des cancers cybernétiques) et la Comtesse Conclusion (traduction pourrie de the Empress of the End), sera capturée dans un sérail cosmique, empoisonnée par un nano-pollen artificiel, ira rechercher la Lune dans la collection du séduisant Moonjacker et protègera des pèlerins emportés par une vague temporelle. Un autre chrono-paradoxe la mettra enfin face à face avec son oncle, celui-là même dont elle a vu le crâne attestant sa mort…
C’est plaisant, malgré une trop grande propension à orienter sexuellement les personnages (pas une page sans un corps de rêve – même les statues, les bâtiments ou encore les fruits de certains arbres semblent là pour satisfaire la libido des mâles) ; si on accepte ce postulat, les dessins s’avèrent très agréables, Arthur Adams excellant dans la description de paysages farfelus (les premières visions du Grand Agrégat ou la collection de lunes du Moonjacker valent le coup d’œil). Certaines répliques bien choisies accentuent le caractère baroque et léger : Oh oui, tu travailleras à l’horizontale ! ou encore Hé ho ! Plus haut les yeux, mon grand ! Dommage que la traduction ne suive pas, et que les correcteurs aient omis quelques coquilles.
Le coin du C.L.A.P. : Ca se dévore. Ca s’avale. Malgré mon état de fatigue chronique et mes journées de vacances extrêmement prises, l’album fut digéré en deux séances pré-sommeil et n’a même pas eu l’honneur de voyager dans une salle de cinéma.
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