Célébrer Pourim est un moment joyeux et plein de vie.
C’est des adultes qui font les fous dans la rue, des enfants qui courent dans tous les sens, des rassemblements festifs dans chaque maison et appartement, des éclats de joie qui emplissent tout le voisinage.
En particulier le vin.
Cette journée semblait être une anomalie dans une religion et une société dans laquelle l’ivresse, est habituellement bannie.
La loi juive stipule que toutes les fêtes doivent être joyeuses, mais Pourim dépasse largement la norme.
(Talmud Méguila 7b).
Pourquoi vouloir atteindre cet état d’ébriété?
Comme pour toutes les questions juives, la réponse s’étend sur quatre niveaux : le technique, le symbolique, l’homilétique et le mystique.
La réponse technique est de commémorer le vin.
Les fêtes juives commémorent les miracles qui ont jalonné l’histoire du peuple juif.
À ‘Hanouka, on allume des bougies en souvenir du miracle de la petite fiole d’huile qui brûla pendant huit jours.
La chute de la reine Vachti qui précipita l’ascension de la reine Esther se produisit au cours du banquet royal donné à Shushan (Suse), alors que le roi était lui-même aviné.
Esther fut accueillie au palais royal par une série de célébrations arrosées.
Enfin, elle organisa la chute de Haman à travers deux dîners intimes où, encore une fois, le vin coulait à flots.
La vision symbolique est de combler ce qui est "entre".
Depuis l’édiction de l’horrible décret de Haman jusqu’à ce que Mordékhaï réussisse à orchestrer le salut de peuple juif, les Juifs ont connu des moments de grande angoisse.
Un aspect important de la célébration de Pourim est de réfléchir sur la délivrance divine.
Dans le malheur, nous devons nous tourner vers D.ieu, et faire tout son possible pour nous en sortir.
Nous devons apprendre à faire confiance à D.ieu et ainsi éviter l’angoisse qui domine lorsque l’on est coincé "entre" deux pôles, entre la problématique posée par "maudit soit Haman" et la solution apportée par "béni soit Mordékhaï".
La perspective homilétique est de transcender les divisions engendrées par le bien par le mal.
La discorde se fait entre des amis lorsque l’un cause du tort à l’autre, ou lorsque l’un est jaloux de la bonne fortune de l’autre.
Ces deux états sont représentés par les expressions "maudit soit Haman" et "béni soit Mordékhaï".
À Pourim, chacun doit tendre la main et pardonner. Nous nous réjouissons avec nos amis et buvons un verre de vin ensemble, abandonnant les vieilles rancunes et ravivant les anciennes amitiés.
L’explication mystique c’est l’au-delà de la raison.
Le miracle de Pourim défie l’entendement.
Le peuple juif s’était largement assimilé dans la société perse.
Lorsque fut promulgué le décret royal exigeant que tout Perse s’incline devant Haman, la plupart des Juifs étaient prêts à obéir.
Mordékhaï et peut-être une poignée d’autres refusèrent.
En étant du côté de Mordékhaï, ce n’était pas seulement leurs positions sociales durement acquises que les Juifs mettaient en danger, mais leurs vies mêmes.
Malgré cela, pas un seul Juif ne trahit Mordékhaï et ce qu’il représentait.
Lorsque vint le moment de faire son choix entre leur engagement éternel envers D.ieu et leurs nouvelles et fragiles relations, tous les Juifs choisirent D.ieu.
Parce que c’est un lien infini et éternel. Ce lien a enduré de terribles tempêtes et il en a inexplicablement réchappé.
Lorsque le vin a émoussé l’esprit, lorsque la pensée cohérente n’opère plus et que malgré notre état d’ébriété, nous restons dévoués à notre foi, nous captons l’esprit de Pourim.
Nous buvons du vin à Pourim pour évoquer les fêtes du passé, pour créer de l’amitié et surmonter les rancunes et les jalousies, pour souligner la délivrance miraculeuse qui chasse les angoisse de nos épreuves, et pour vivre cette joie immense qui éclaire le lien qui nous unit à D.ieu.
Shabbat shalom et Pourim samea’h à toutes et à tous.