Photographier de telles œuvres est forcément réducteur mais il faut bien donner un aperçu de l'émotion que vous pourrez vivre en allant sur place.
Ce sont les bâtiments industriels de Christophe Dugied qui investissent l'étage. Le recours à l'impression digitale sur un support en plexiglass fait claquer les couleurs à l'instar de peintures surréalistes. Il faut avancer de biais pour contrer les reflets discordants.
Il y a un esprit documentaire sans souci de documentation. La narration est fuyante, à la frontière d'un reportage d'anticipation sur ce que sera demain : un monde vidé de son industrie.
Les bâtiments industriels, les banlieues, les ports nous sont montrés embellis par une lumière artificielle qui les transforme en décor de théâtre.
Le Stock 105 (2004, 137 x 110 cm - à droite) ou le Pont (2002, ci contre) auraient pu être choisis par des metteurs en scène comme André Engel ou Michel Didym pour placer les spectateurs dans l'ambiance qui convient à leur travail. Ou encore par des réalisateurs de cinéma comme Jean-Jacques Beinex ou Luc Besson pour un tournage à la limite de la science fiction ou du polar.
Christophe Dugied saisit des ciels bleus électrique, verts ou roses, où jaillissent des lampadaires étoilés. Les murs suintent une sourde interrogation qui n'est pas encore oppressante mais qui pourrait le devenir s'il y avait un promeneur. L'année dernière exposé dans une galerie parisienne branchée, la banlieue sud peut être satisfaite de voir si vite arriver jusqu'à elle cet artiste contemporain.
Andoche Praudel est en apparence aux antipodes avec ses photographies du monde rural.
Cet homme aux multiples talents est philosophe de formation et également céramiste. Il est toujours exposé au grenier de Villâtre qui est la superbe Galerie Capazza de Nançay (Loir-et-Cher).
Il est présent à Antony en tant que photographe et ses panoramiques sont accrochés sur les murs des salles du rez-de-chaussée. Il emploie un papier absorbant japonais d'Awagami Factory qui sublime ses photos comme si elles étaient des aquarelles.
Les formats gigantesques (souvent deux mètres de largeur) confèrent une poésie intense. Là encore la difficulté de rendre palpable la beauté de l'œuvre m'a amenée à procéder autrement. Comme vous faire entrer dans le paysage par un gros plan de celui-ci intitulé Les Vikings remontent la seine jusqu'à Rouen (2007).
Extra-muros, scènes de paysages, jusqu'au 25 avril 2010 à la Maison des Arts, 20 rue Velpeau à Antony, 01 40 96 31 50. Ouverte les mardi, jeudi et vendredi de 12 h à 19 h, le mercredi de 10h à 19 h, le samedi de 11h à 19 h et le dimanche de 14h à 19 h. Elle est fermée le lundi.
Les franciliens pourront s'y rendre par le RER B, station Antony. Ils n'auront qu'à traverser la rue pour accéder ensuite à l'exposition.