Les deux X projetés sur un drap blanc mal tendu devant la scène de la Cigale replacent dans son contexte le show qui s'annonce.
Quand les XX commencent leur set en revanche, il n'y a rien à voir.
Le puissant titre Intro est joué toujours derrière ce drap bancal. Et je n'aurais pas été surprise qu'ils livrent ainsi leur petit répertoire, préservés du regard gourmand du public. Quand cet été, lors de l'interview accordée à Gonzai, ils acceptaient sans broncher que notre photographe les fasse poser dans le local à poubelles, j'en déduisais que leur image n'était pas leur priorité. On finit par les découvrir en ombres chinoises quand les premières tonalités hypnotiques envahissent la salle. Le rideau s'ouvre, Crystalised, Shelter, VCR sont accueillis comme des hymnes. Le public réussit même l'exploit de s'y trémousser, ce qui demande une certaine dose d'imagination.
Danser? A l'exception de Basic Space retravaillé avec des beats électroniques, le groupe n'a pas franchement cette vocation. Encore plus habité en live que sur les versions studios, l'album est rejoué avec application, leur concentration ne laisse pas la place à l'improvisation ou à la détente. Ils ne manquent pas de remercier mille fois le public parisien, comme des gamins qui ont reçu un cadeau qu'ils ne semblent pas mériter. A part le titre Fantasy tombé à plat, ils assureront pourtant le show. Reprise de la chanteuse r'n'b Kyla, basse implacable du très posé Oliver, synthés et boîtes à rythme d'un Jamie débordé... en fait il y a surtout Romy. Chaque fois que la chanteuse entrouvre les lèvres en réponse à son comparse, c'est une petite ovation du public qui vient la récompenser de son effort, alors qu'elle chante contre nature entre soul et cold wave. Et sa fragilité palpable ne l'empêche pas d'être la plus imposante ce soir.
Au moment de conclure, c'est le moment de prendre ma voix la plus dramatique pour rappeler que le lendemain de ce live à la Cigale, on apprendrait le décès du père de Romy et l'annulation des futures dates. Ciao la Route du Rock, ciao l'Europe, la prochaine fois ce sera sans doute l'Olympia, le 14 juin. Une occasion de plus, pour danser stoïque avec un groupe qui ne laisse pourtant pas de marbre.
Crédits photos: Kmeron