(Loin de moi l'idée de me plaindre ; le Maroc est beaucoup plus généreux que la France à ce niveau-là.)
Donc, la semaine dernière, après avoir repoussé mon départ au moins trois fois, j'ai réservé une nuit d'hôtel à Tarifa, en Espagne, et je suis partie.
A la gare de Fès, on m'a dit qu'il y avait des innondations sur la voie ferrée entre Sidi Kacem et Fès; donc, à la place, train jusqu'à Kenitra, puis bus Kénitra-Tanger.
Pas de chance, je suis tombée dans le pire train du Maroc - celui qui a les hauts-parleurs cassés et où il fait 5 degrés.
Arrivée à Tanger, formalités nécessaires; ah, voilà mon bateau.
Eh eh, il est beau et il va vite.
Très vite, le bateau - qui est en fait un catamaran géant - s'est rempli, notamment d'une cargaison d'Irlandais qui se sont rués sur le bar et les sandwichs.
J'étais un peu sonnée quand je suis arrivée à Tarifa; il pleuvait beaucoup, alors je me suis assise sur un banc dans le port pour attendre que ça passe.
J'avais photocopié le plan de la ville du Guide du routard, mais évidemment je l'ai perdu quelque part entre Kénitra et Tanger.
Mais en fait je me suis vite rendu compte que je n'aurais pas de problème pour trouver mon hôtel : Tarifa est minuscule.
En tout cas, c'est très joli Tarifa; c'est une ville envahie par les surfeurs en été, mais là il y avait personne.
Voilà, c'est la seule photo que j'ai prise de la ville, et elle est penchée.
Ma chambre d'hôtel était si propre et confortable qu'il m'a fallut du temps pour m'en remettre - je suis trop habituée aux hôtels pourris de Fès et de Casa moi...
Après, je suis allée boire une bière dans un bar ; c'était vide, à part le patron et un bouddha au dessus du comptoir (huit heures du soir, c'est pas l'heure de l'apéro chez les Espagnols).
Petit repas dans un restau entièrement vide aussi; retour à l'hôtel.
Et le lendemain matin, à peine plus de 12 heures après mon arrivée, j'étais à nouveau au port.
Cette fois-ci, j'ai pris en photo la côté marocaine, qui est tellement proche que c'en est troublant.
Ces deux canards (?) semblaient perdus dans la mer.
Quand j'ai acheté mon billet de bateau, le commandant n'était pas sûr de pouvoir naviguer à cause du mauvais temps, mais finalement on est parti quand même.
La mer était déchainée; cette fois-ci, pas de bar ni de sandwich, pour personne. Seules les hôtesses étaient debout, prêtes à nettoyer et à récolter les sacs à vomi.
Je me suis affalée sur mon siège, et je me suis concentrée sur les pubs de parfums qui passaient sur les télévisions.
Après avoir vu Kate Moss et Chloe Sevigny pour la centième fois, je me suis rendu compte qu'on était arrivés et que j'avais pas été si malade que ça.
Mais le soleil n'a pas brillé longtemps. Je me suis endormie dans le bus, pour me réveiller trempée - il pleuvait comme vache qui pisse, et il y avait une fuite près de mon siège.
Ensuite, dans le train, on a traversé les champs innondés, pour être bloqués un peu avant Meknès. La pluie avait emporté une partie du ballast, il fallait attendre que les cheminots arrangent tout ça.
Finalement, je suis bien arrivée à Fès, 36 heures après mon départ, avec un beau tampon tout neuf dans mon passeport.