Magazine Voyages
Délicieuse sieste sur le toit du campement à Yendouma. Nous dormirons là ce soir, et partons donc légers pour l’après-midi vers le village de Tiogou, encastré dans un pli de la falaise à 4 km de là.
Au fur et à mesure que nous approchons de la bourgade, la densité des champs verdoyants augmente, et avec elle le contraste surprenant avec la sécheresse alentour. Les jardins sont composés de petits carrés d’un mètre de côté ourlés d’une levée de terre destinée à retenir l’eau. Echalotes et tomates essentiellement. Ces parcelles maraîchères, petits miracles dogon, sont entourées de clôtures faites de tiges de mil, pour décourager chèvres et moutons. Des calebasses, utilisées pour l’arrosage, sont disséminées dans les allées.
Nous croisons une stèle phallique sacrée, lieu de libations de bouillies de mil déversée afin de garantir les prochaines récoltes. Celle du mil a été faite en octobre, les tiges sèches recouvrent à présent les tristes champs. « La terre allait attendre pendant toute une saison de vents et de soleil qu’on lui ouvre à nouveau le ventre. On n’entendrait pas avant longtemps les paysans nommer le mil d’après sa hauteur, tout au long d’une croissance anxieusement observée, encouragée par le sang des volailles sur les autels, par les prières infinies, par les précautions compliquées. On n’entendrait pas avant des mois appeler « nez poussé » la première apparition des tigelles, « queue de coq » la première courbure de la feuille caressée par le vent, « mottes cachées » la disparition de la terre sous la verdure, « avale bêtes » les tiges assez hautes pour masquer un mouton. » (M. Griaule)