L’un a le nez sans cesse collé au carreau et les cheveux roux en bataille. Il est trop costaud pour son âge, il cause peu, d’une voix grave : les autres le surnomment le taureau.
L’autre a le nez sans cesse collé au tableau, les cheveux blonds comme une fille. Il est trop fluet pour son âge, il parle peu, d’une voix douce : les autres l’appellent l’anguille.
Dès que la cloche sonne, le taureau se rue dans la cour. Il court à perdre haleine, tape dans le ballon, attaque les plus grands, puis il dévore son goûter à pleines dents.
Pendant ce temps, l’anguille range délicatement ses livres. Il déambule dans la cour, perdu dans ses pensées. Il s’assoit à l’écart, loin des plus grands, qui parfois viennent lui dérober son goûter.
Une fois dans la classe, l’anguille est remuant. Il ouvre grand ses yeux, s’agite sur sa chaise et il lève le doigt en permanence pour que le maître l’interroge.
Pendant ce temps, le taureau, immobile, ferme ses paupières de temps en temps. Il se couche sur son bureau et lève les bras au ciel quand le maître lui fait quelques reproches.
Pourtant, un jour, ces deux enfants que rien ne rapprochait, que seule la solitude unissait sont devenu amis. Comment ? Un jour, le taureau a sauvé le goûter de l’anguille. Le lendemain l’anguille a aidé le taureau à situer l’Afrique sur la carte...
L’Afrique... qui n’est pas si loin de la France.