Magazine Politique
Dominique de Villepin va consacrer 6 heures au salon de l'Agriculture. C'est le témoignage concret de sa volonté d'écouter d'abord ceux qui souffrent. La campagne du coeur est en route.
La France bouge. Les sondages publiés l'attestent, si besoin était.
Des tendances commencent à s'affirmer :
- Le projet socialiste classique n'est pas ressuscité avec la crise économique. Le "France des difficultés" n'a pas retrouvé le chemin du vote socialiste positif.
- Le Modem et les Verts n'existent pas comme "familles politiques". Ces deux structures n'existent que par l'action de leurs leaders charismatiques : François Bayrou et Daniel Cohn Bendit. Les régionales le montrant avec des seuils très divers.
- Quatre groupes politiques s'affrontent :
L'électorat présidentiel qui conserve un socle élevé à base de seniors, de CSP +.
L'électorat de droite choqué par les attitudes présidentielles puis par certaines décisions.
L'électorat de gauche qui s'inscrit dans une logique d'alternance donc de parti de Gouvernement.
Les extrêmes qui cherchent à capitaliser les mécontentements et les formes nouvelles d'exclusions.
Cette présentation change des données de l'affrontement du premier tour. Elle montre l'étroitesse des voies type Bayrou car le courant de pensée centriste n'existe plus.
Les bons finalistes pour 2012 devront tenir compte des éliminés du premier tour. A droite comme à gauche, le vainqueur sera celui qui aura réussi à recréer l'unité de son électorat tout en séduisant les partisans d'un ancien concurrent du premier tour qui n'aura probablement pas mesuré sa critique pour faire vivre son espace. Les exclus des extrêmes se prépareront à peser sur la vie politique sur des thèmes très précis qui peuvent concerner pour les uns l'ordre public et pour d'autres des mesures de solidarité sociale.
Dans ce paysage, Dominique de Villepin a probablement trois pièges majeurs à éviter :
- chercher à créer son sillon à droite au prix de polémiques permanentes et vives avec le Chef de l'Etat sortant. Il pourrait réduire le socle du premier tour du Chef de l'Etat mais probablement pas assez pour prétendre au second tour et alors celui-ci deviendrait un champ généralisé de règlements de comptes à droite.
- Le deuxième piège est celui des médias. Ils vont vouloir faire ré-exister la guerre des droites. C'est le creuset culturel le plus facile.
- Le troisième piège est celui du passé : être scotché par des décisions prises du temps où l'intéressé était le collaborateur privilégié de Jacques Chirac. Tout le piège résiderait à attribuer à Jacques Chirac le radicalisme bon enfant et à Dominique de Villepin le machiavélisme froid.
Dominique de Villepin se tient à l'écart de ces pièges et s'installe manifestement en rassembleur de ceux qui se battent pour leur survie. C'est le nouvel humanisme : définir les conditions modernes de solidarité, de générosité, de rapports entre l'individu et le pouvoir, entre l'individu et la modernité.
Chacune de ses visites sur le terrain est consacrée à des territoires qui souffrent, à des professions qui sont à la peine.
C'est un repositionnement total de l'ancien Premier Ministre. Il n'a plus rien à prouver dans sa stature internationale mais il a ouvert la bataille de la proximité intérieure et de la générosité pour les plus menacés.