Un Turc dans le potage? Morbleu !

Imaginez, que sur la pression de votre Prince, vous ayez nommé, par délégation, au poste de vassal délégué à l'industrie et au commerce un champion de la conduite de vélocipède sur circuit, autodidacte de surcroit. Brave garçon mais un peu au raz de la chaussée.

Malgré sa bonne volonté, sa capacité à intégrer la matière industrielle restera globalement superficielle sauf, éventuellement, dans le secteur étroit de la machine à vapeur et dans ce qui possède le pouvoir de rouler (brouette, tricycle...et autres engins).

En bon « haut responsable » vous hésiteriez à faire coïncider ce profil au responsabilité de l'industrie (soit-elle déléguée). Mais parfois les circonstances et la pression vous poussent inexorablement à ce type d'erreur en particulier lorsque vous n'avez pas sous la main de candidat suffisamment déraisonnable pour accepter ce bâton merdeux.

Voilà que les mauvais sujets industriels s'empilent, se percutent et pour finir viennent menacer votre réputation de sympathique gafeuse  (ne me demandez pas pourquoi j’utilise le féminin ici ; les « hauts responsables » n’ont plus le privilège du sexe depuis le port de la perruque et c’est tant mieux).

Vous êtes forcément dans l'obligation de lui déléguer des dossiers; prenez la précaution de lui adjoindre quelques conseillés (une dizaine, bardés de diplôme prestigieux et possédant l'art du violon) et plongez le progressivement dans le bain. Au début confiez-lui des affaires faciles. Testez-le sur un petit dossier amusant comme les vélocypèdes VOXAN. Avec un sujet idéal pour un fanatique des deux roues du type :  « comment sauver la dernière marque française de deux roues à moteur à combustion ? » vous allez pouvoir mettre en lumière ses capacités. Si après 6 mois votre candidat n’a pas trouvé de solution autre que la liquidation de l'établissement, séparez-vous de lui ou, si vous ne trouvez toujours pas un profil nouveau à lui substituer, noyez-le dans l’accumulation de dossiers lourds avec, par exemple, la fermeture d’une usine de puces à étincelle dans le bassin parisien, la fermeture d’un sous traitant de la machine à vapeur dans les lointaines contrées d'Occitanie  puis la fermeture d’une usine au port de la mer du Nord. Toujours au-delà de 200 salariés pour que l’atmosphère ouvrière l’étouffe. Normalement il devrait craquer.

S’il persiste, doublez les effectifs de conseillés et essayez éventuellement de le concentrer sur un dossier plus complexe encore comme par exemple une unité de production de véhicule novateurs possédant un bel outil industriel et des brevets à exploiter.

Si votre protégé se fait enfumer avec des repreneurs « prêtes noms » expliquez lui avec diplomatie  que l’ingénierie financière est un vrai métier. S'il insiste laissez agir les conseillés et les politiques locaux (surtout si ils ont des velléités de pouvoir) vous échapperez ainsi aux critiques des blogueurs en cas de nouvelles difficultés.

Et si le plan de sauvetage foire (cela peut arriver; imaginez que l'argent annoncé n'arrive pas dans les caisses) laissez votre protégé s'embourber. N'intervenez surtout pas ; l’amateurisme ne doit en rien atteindre votre crédibilité. Concentrez vos efforts vers les banques et les sociétés historiques proche du pouvoir, c’est autrement plus prestigieux. Pour cela n’hésitez pas à les aider directement par de fortes subventions surtout s’ils ont des projets novateurs comme, par exemple, une voiture à 4 roues. Un petit chèque de cent millions d’euros devrait les inciter à vous conserver l’estime que vous méritez.

Vous noterez qu'il s'agit la de pure supposition avec beaucoup de conditionnels car vouloir offrir des chèques à des sociétés qui délocalisent et refuser 20% de ce même montant à une structure franco française prêtes à développer quelques 200 emplois en Poitou pour créer une concurrence dans le marché du véhicule  ; cela ne peut pas arriver.

Donc, ce scénario catastrophe ne peut être retenu que comme un cas d'école. Dans la réalité si cela devait arriver vous risqueriez d’affaiblir l’image de votre Prince ; ce serait dommage ce dernier est tellement heureux de vos qualités qu’il est prêt après une saison en demi-teinte à vous nommer à la place de son premier Marquis (gardez cela confidentiel). Notez, pour vous, cela vous permettrait de prendre de la hauteur et d’oublier, pour un temps, les difficultés avec votre trublion au fers forgés et aux boulons.

NB Si ce dernier, pour de foireux motifs  incompréhensibles, vous fait part d’un scénario abracadabrant de capitaux turcs prêts à entrer dans l'entreprise du Poitou n'oubliez pas que vos protégés fabriquent de leurs côtés des centaines de véhicules à pédales au delà du Bosphore pour des motifs de bas coût...alors hésitez à valider cette « turquerie » du plus mauvais goût. C’est bien connu, hors des velléités de pillage de brevets l’industrialisation est forcément dévolu au pays des minarets...