Un réel site participatif ?
On ne cesse de gloser sur le web participatif et de se l’approprier selon une grille d’analyse qui, la plupart du temps, glisse avec des signifiants obsolètes sur
un « objet » incompréhensible. Il règne sur ce nouveau type de relation une aura d’irrationalité qui est hors de portée de toute analyse. L’apparition des blogs, de Facebook, de Twitter,
de Chatroulette a dessiné un hérisson conceptuel insaisissable qui s’offre à toute interprétation possible avec le large spectre du rejet total à l’acceptation béate, créant par là, un métaweb
2.0.
Le risque du média social, sa frontière, est de devenir a-social, de dégénérer, de profiter d’une cécité globale pour se laisser développer un mode de relation où l’anonymat règne en valeur unique
et unifiante, c’est-à-dire totalisante et totalitaire.
L’époque avance en aveugle dans cette constellation en expansion. Si les plateformes peuvent être modérées, régulées, filtrées, la dernière venue, chatroulette est devenue symboliquement l’agora
sans limites où peuvent s’écouler des charrois de perversité. C’est bien car tout est ouvert à tout ; c’est nul aussi car tout est ouvert à tout. La bêtise s’avance masquée.
Le web 2.0 a vu l’apparition de communautés ouvertes. Communautés car la modération s’y fait naturellement. Je prends l’exemple de Scoopeo que je connais bien. Si un posteur récidive en matière de
propos racistes, ses liens seront rapidement modérés par plusieurs membres actifs et ce, sans concertation. Au bout de X modérations le site passera aux oubliettes et deviendra inaccessible.
Communautés ouvertes car n’importe qui peut, à tout moment s’y inscrire et proposer sa voix. Ce genre de sites participatifs s’autorégule rapidement.
Un autre exemple : Twitter. Ce site offre une impressionnante masse d’information comme un tapis roulant sur lequel on n’a que peu de prises. C’est la part irrationnelle de « la chose ».
Mais que ce média soit social est évident : je choisis qui je veux suivre et quitte qui ne me plaît pas. Dans Twitter, le posteur est responsable et l’ensemble de cette communauté molle détecte
rapidement les imposteurs en les bloquant ou en les déclarant comme « spam ». Les faux comptes sont vite dénichés et mis en marge.
Chatroulette est excessif dans cette étrange liberté où, au fond, rien ne se construit autre qu’un manque global de considération. Pour moi, il est l’écueil du web participatif, sa marge. Cette
vidéo humoristique montre bien les limites du concept de butinage immodéré. C’est rigolo si l’on excepte les pervers et qui sont légion ici. L’excès de liberté tue la liberté. Ici, la génération
spontanée du speed voyeurisme avec son incessant zapping du « next, next » c’est l ‘ébahissement de la possibilité mondiale de rencontres, mêlé d’une impuissance fondamentale à
communiquer. C’est un écueil.
Best of chatroulette