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Urgences dans les hôpitaux: Ras-le-bol généralisé

Publié le 26 février 2010 par Suzanneb

[pull]De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer l’encombrement et l’engorgement des services d’urgence.[/pull]

L’Association des médecins d’urgence du Québec (AMUQ) juge que des patients meurent inutilement en raison de l’engorgement des salles d’urgence.

Le vice-président de l’AMUQ, Bernard Mathieu, rappelle que l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont, auquel il est rattaché, connaît un taux d’occupation qui dépasse régulièrement les 150 %. Le Dr Mathieu cite l’exemple d’un homme qui a attendu huit jours aux urgences avant d’obtenir un lit à l’étage.

Lundi, la situation à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont a été dénoncée par le neveu d’une patiente atteinte de la maladie d’Alzheimer. Mariette Fournier a dû attendre quatre jours aux urgences avant qu’on ne lui trouve une place en gériatrie. Elle est finalement décédée.

« Le médecin m’a annoncé que ses reins étaient complètement déshydratés. Comme une éponge que vous auriez serrée fort, fort, fort. Il n’y avait plus une goutte d’eau, à 86 ans. Là, ils se sont mis à l’hydrater, mais il était trop tard, raconte Bernard Baril, un aidant naturel. J’en attire donc l’attention au cabinet ministériel. Et j’inviterais mon premier ministre voyageur de rentrer au pays: ça meurt! S’il vous plaît, rentrez. »

Pour le vice-président de l’AMUQ, le débordement actuel des urgences est particulièrement grave.

Il y a des cas où la congestion dans les salles d’urgence fait en sorte que les gens n’ont pas accès aux soins en temps voulu, et ça peut avoir des conséquences catastrophiques, dont le décès.
— Le Dr Bernard Mathieu, vice-président de l’AMUQ

L’urgence est la porte d’entrée d’une population de plus en plus vieillissante. Les ressources du système de santé ne semblent pas en mesure de gérer cette nouvelle réalité. « C’est clair pour moi que le C3S a un rôle majeur à jouer. On a besoin de ressources en convalescence, on a besoin de ressources intermédiaires et de longue durée et de soins à domicile également », poursuit le Dr Mathieu.

La solution à court terme pour l’Agence de la santé et des services sociaux est d’ouvrir de nouveaux lits. Mais à long terme, les solutions devront passer par une réforme majeure du système de santé.

« D’ici cinq ans, on va avoir beaucoup plus d’accessibilité aux omnipraticiens. Et c’est dans les cinq à dix ans, où la clientèle baby-boomer va commencer à entrer dans le système. Moi, j’ai l’impression que le planning en cours actuellement va être capable de répondre », soutient David Levine, PDG de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal.

De l’obligation de faire des heures supplémentaires…

De toutes les discussions au sujet des problèmes des services d’urgence, c’est la réaction du ministre de la Santé du Québec, Yves Bolduc, qui continue de susciter les plus vifs commentaires et du mécontentement.

Le ministre de la Santé a déclaré mercredi que le temps supplémentaire était certes difficile pour le personnel hospitalier, mais que ce dernier se devait néanmoins d’être fidèle au poste. « La première responsabilité est envers nos patients et même dans des situations où nous sommes fatigués, on n’a pas le choix. Je pense qu’il faut s’entendre avec l’établissement pour réussir à minimiser [la situation] », a-t-il dit.

Pour Gyslaine Desrosiers, présidente de l’Ordre des infirmières, cette obligation de faire des heures supplémentaires sur une base régulière est un abus de pouvoir de la part du gouvernement.

Je suis extrêmement déçue de la déclaration du ministre parce qu’on ne peut pas utiliser le code de déontologie pour masquer des pratiques de gestion inadéquates. Le système de santé est géré en supposant que tout le personnel infirmier est prêt à travailler en temps supplémentaire sur une base régulière et obligatoire. C’est inacceptable, c’est vraiment un abus de pouvoir.
— Gyslaine Desrosiers, présidente de l’Ordre des infirmières

Mercredi, les infirmières ont lancé un cri du coeur pour dénoncer le nombre d’heures supplémentaires qu’elles doivent effectuer. Dans ce contexte, la déclaration du ministre Bolduc a littéralement fâché la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Régine Laurent.

« Moi, je ne veux plus entendre les paroles de M. Bolduc, a lancé Régine Laurent. Rien ne nous dit qu’il va passer aux actes. Ça fait des années qu’on entend ces paroles, ministre de la Santé après ministre de la Santé. Ça suffit. Je ne suis pas rassurée. »

Audio-vidéo

  • Les urgentologues croient que l’engorgement met la vie des patients en danger: Réaction du président-directeur général de l’Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, David Levine
  • Les urgences débordent et la situation met la vie de patients en péril, explique Michel Rochon.
  • Pierre Maisonneuve en parle avec Régine Laurent, présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).
  • Les salles d’urgence des grands hôpitaux montréalais sont tellement surchargées que des patients meurent faute de soins, dénonce le vice-président de l’Association des médecins d’urgence du Québec, Bernard Mathieu.

Radio-Canada - Urgences dans les hôpitaux - Ras-le-bol généralisé – 26 fév 2010


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