Première séance du cycle John Boorman organisé par Pascale Cassagnau : l'artiste Jean-Luc Blanc présente "Zardoz".
2293. La Terre a été totalement dévastée et la société est divisée en plusieurs castes : les Brutes, les Exterminateurs et les Barbares qui vouent un culte sans limites au dieu Zardoz. Tous oeuvrent pour les Éternels, un groupe d'humains immortels. Ce nouvel équilibre social va être bouleversé lorsque Zed, un Exterminateur, décide de pénétrer chez les Éternels, défiant ainsi le dieu Zardoz...
Zardoz est un film de science-fiction minimaliste, réalisé par John Boorman sorti en 1974. Avec Sean Connery, Charlotte Rampling, Sara Kestelman
Jean-Luc Blanc est né en 1965 à Nice. Il sort de la Villa arson à la fin des années 80, participe aux expositions phare françaises du début des années 90 comme "French kiss 2" et "Il faut construire l'hacienda", squatte un atelier en ruines à l'Hôpital Ephémère, vend ses dessins facilement, apparaît la nuit en cuir noir accompagné d'un loup aux yeux injectés d'or, voit plusieurs films par jour et passe à la télévision à l'heure des insomniaques. Paris devient sa ville en 1990.
« C'est un peu un rêve non interprété que John Boorman met en scène ».
Le cinéma de John Boorman dessine de films en films un profond labyrinthe aux multiples trajectoires, suggérant un voyage continué. Les lignes narratives segmentées et multipliées, des films, les temps grammaticaux inversés, élaborent un trajet sous la forme d'un vortex. Mettant en scène des huis clos à travers des forêts, des îles, et des vastes territoires aux contours indéfinis, John Boorman conçoit son cinéma comme le récit d'une quête.
Placés bien souvent en position de survie, les personnages des films de Boorman font face à eux-mêmes, au terme d'un trajet. Car « Le héros s'engage dans une aventure en poursuivant un but précis ; cette aventure recèle un sens qui lui échappe ; ce sens lui est revelé au cours d'une confrontation capitale avec lui-même ». Le film est alors l'espace d'une expérimentation portée par les mouvements de la caméra, le montage des sons, la temporalité : John Boorman filme, observe les situations, des expériences – du jour d'après. Si le film est l'espace d'un transport, d'une communication ( on pensera ici à l'évocation de l'hypnose dans L'exorciste II/ L'hérétique), il est aussi l'espace du rêve, d'une réalité travaillée par de l'altérité. D'un rêve à l'autre, d'une torpeur à une autre, les films de Boorman suggèrent un malaise sans fin.
La dimension de cauchemar récurrent que constitue le cinéma de Boorman n'est néanmoins pas exempte d'une dimension politique. Comme l'écrit Michel Ciment à propos de Délivrance : « Le film est un nouveau commentaire sur l'Amérique par le moyen d'une réflexion sur les genres cinématographiques, réflexion qui est l'une des caractéristiques de l'art de Boorman. Voici un western moderne où le cinéaste va retourner comme un gant un certain nombre de mythologies américaines ». Les films expriment un point de vue sur la réalité, ainsi que la remise en question des fondements de la société américaine, ou plus largement de certains fondements de la civilisation occidentale.
John Boorman, en effet. Dans le labyrinthe de John Boorman est une série de rencontres –projections organisées par Pascale Cassagnau à l'invitation d'Isabelle Le Normand, dans la salle Star Trek de Mains d'œuvres, consistant à inviter des artistes plasticiens à présenter un film de John Boorman cristallisant des recherches en cours ou faisant écho à sa propre œuvre, sous la forme d'une carte blanche.
Pascale Cassagnau est critique d'art et spécialiste au sein du ministère de la Culture des nouveaux médias. Elle est l'auteur de textes sur Chris Burden, James Coleman, John Baldessari, Pierre Huyghe, Dominique Gonzalez Foerster, Matthieu Laurette. Ses recherches portent sur les nouvelles pratiques cinématographiques, dans leur dialogue croisé avec la création contemporaine. Son dernier essai Future Amnesia – Enquêtes sur un troisième cinéma (2007) cartographie ces nouvelles formes filmiques, entre fiction et documentaire.