Dame Lynne Brindley, directrice générale de la British Library explique en effet que la situation est loin d'être aussi joyeuse. Seuls 6000 sites ont été enregistrés à ce jour sur les 8 millions estimés, soit 1 % au total. Si le travail de la BL se fait en collaboration avec la National Library of Wales ainsi que la bibliothèque de sciences humaines Wellcome, le gouffre d'internet représente un danger pour la préservation des informations.
Selon leurs estimations, la durée de vie d'un site est comprise entre 44 et 75 jours, et un sur dix est perdu, ou remplacé au cours des 6 mois suivant son apparition. Avec un taux de sites non enregistré de 99 %, la directrice fait grise mine. Pourtant, ce n'est pas faute de faire ce qu'elle peut. De fait, la législation anglaise pose problème.
Selon la loi Legal Deposit Libraries, il est prévu que toute publication imprimée du Royaume-Uni est automatiquement déposée à la British Library. Mais ce n'est qu'en 2003 que ce texte a été également prolongé au contenu en ligne. Et pour corser un peu la difficulté, sinon, ce n'est pas drôle, la loi précise que les établissements doivent identifier les sites à archiver et ensuite demander l'autorisation aux webmasters avant de procéder à leur enregistrement.
Une situation ridicule et intenable, précise un porte-parole : « Nous avons le savoir-faire, mais nous avons besoin de règles pour stipuler que la permission n'est pas nécessaire. Nous archivons pour la nation et pas dans un but commercial. » Le ministère de la Culture, des Médias et du Sport a été saisi pour étudier le modus operandi de cette législation, et éventuellement (mais ce serait manifestement pas mal) procéder à quelques modifications.