Après ma première note sur le Water Concerto de Tan Dun, voici la suite avec le Paper Concerto, qui appartient aux oeuvres organiques du compositeur chinois. Papier froissé, déchiré, chanté, frappé, grands lais de papier suspendus sur l'orchestre contre lesquels frappe une percusionniste danseuse, armée de marteau en bois ; lais tout autant balancés au-dessus des musiciens, lesquels participent aussi aux frémissement général de la matière invitée, en tournant violemment leurs partitions par saccades synchronisées... le Concerto pour papier (Paper Concerto) de Tan Dun est autant sonore que visuel : il prend en compte les timbres propres à l'orchestre classique (flûte mise en avant sur tapis de cordes...) que la spatialisation d'une performance qui exploite/explore la vibration du papier dans l'air (à ce titre ne manquez pas la chanteuse qui fait vibrer le papier tout en chantant au travers de la feuille dans le II: allegro scherzo: le son produit tient des instruments à hanches et de la flûte traversière). A plusieurs reprises, pris entre les dents, le papier agité semble chanter aussi son cri de victoire ou de lamentation...
C'est un monde à la fois énigmatique et suspendu, (lié à la pratique incantatoire et divinatoire des shamans chinois qu'a connus Tan Dun enfant), traversé de vagues en tension où le timbre du papier frappé, froissé, tendu, ondulant dans l'espace s'accorde aux timbres (frottés) des cordes (plans rapprochés à la clé), à la vibration de la flûte. Tan Dun dirige à Stockholm son oeuvre avec un soin dédié à la sonorité et à la précision rythmique. Il s'est toujours intéressé à élargir la palette sonore du concert: des pneus l'avaient inspiré pour sa Symphony No. 1: "Eroica" l'Orchestre Symphonique Youtube... commande de Google/YouTube dans le cadre del'Orchestre Symphonique Youtube.