Manuel nous fait part de sa récente mésaventure qui malheureusement n'a rien d'exceptionnelle (via l'Hérétique).
On pourra ergoter à l'envie comme certains commentateurs que l'adolescent qui a alpagué notre gros Bill n'avais finalement commis qu'une bien légère impolitesse qui ne mérite par l'opprobre.
C'est se fourvoyer lourdement sur le sens à apporter à cet événement.
Je suis certain que beaucoup d'entre vous ont comme moi eu la malencontreuse expérience d'un jeune con en mal de repères. Laissez-moi vous conter la mienne ainsi que celle de mon frère qui ne manquera pas d'être représentative d'une certaine mentalité.
A peine avais-je rejoint les bancs du lycée que dans un élan de nostalgie, certains de mes camarades et moi-même avions décidé de payer une visite à nos anciens enseignants du collège.
Ce fut une belle après-midi que nous passâmes si ce n'est qu'elle se conclut de manière bien incongrue pour votre serviteur.
Alors que nous échangions sans fin devant l'établissement, trois ou quatre olibrius dévalèrent la route adjacente à pleine vitesse dans le dessein de toute évidence d'attirer l'attention: véhicule pétaradant aux couleurs ostentatoires, allers et venues multiples, etc.
Aussi, laissai-je égarer mon regard sur ces quelques bouffons comme toute personne l'aurait fait dans le cadre d'une conversation qui focalise votre attention. Sauf qu'un simple regard, aussi furtif fut-il était un motif suffisant pour que l'un des invidivus viennent me chercher querelle.
Impossible de le voir venir: j'avais à peine prêté attention à ce va-et-vient incessant.
L'automobile stoppa, un jeune adulte descendit, s'approcha de moi et du haut de son mètre quatre-vingt dix eût tout juste le temps de me dire "c'est moi que tu regardes comme ça?" avant de me serrer la gorge et de m'asséner un coup de boule.
Ce n'est pas tant la douleur que la stupéfaction qui me laissa pantois. Et pourtant, je connaissais cette règle tacite qui règne dans les zones "défavorisées": ne jamais, jamais croiser le regard de ces jeunes cons. Mais que voulez-vous, ce jour-là, j'avais simplement relâché ma garde.
Mésaventure aussi pour mon frère aîné dont la stature pourtant a de quoi en effrayer plus d'un.
1,97m pour 140kg. Ce qui n'a pas empêché un jeune adolescent âgé tout juste de 12 à 13 ans de l'interpeler en lui demandant tout d'abord s'il avait un mouchoir, ce qu'il lui donna puis une pièce de monnaie, ce qu'il n'avait pas. Ce môme sortit une lampe-torche d'on-ne-sait-où,.
Pas une de ces lampes-torches traditionnelles que l'on garde soigneusement dans sa boîte à gants, non mais de celles de la taille d'une matraque, très populaires auprès des agents de sécurité.
Il frappa donc mon frère à l'avant bras et partit sans être inquiété.
Un coup de poing et ce jeune con aurait eu la tête dévissée pourtant.
Mathieu a brillament identifié ce dont il s'agit: de jeunes en recherche de repères. Sauf que de repères, personne ne leur en donne. Dès lors, il teste les limites, les repoussant un peu plus par la surenchère jusqu'à ce qu'ils les trouvent...souvent trop tard.
Toutes ces histoires ont un point commun: le cake de Manu, le regard que j'ai laissé traîner et la pièce de monnaie de mon frère. De simples prétextes pour tester sa toute-puissance.
Aussi, un adolescent qui interpelle un adulte de manière impolie en le tutoyant avec, j'en suis sûr, cette intonation agressive que l'on connaît tous, participe déjà du défi.
Les faits en eux-mêmes ne sont que faiblement répréhensibles. Certes. Mais faut-il attendre que ces défis dégénèrent en agressions physiques, voire en crimes ou délits pour s'en offusquer et s'y opposer?
J'espère que non.
En attendant, je ne peux vous conter à quel point je suis heureux de ne plus vivre dans ce climat anxiogène qui selon moi n'est plus l'apanage des seules banlieues.
PS: La question de l'origine ethnique est étrangère au présent sujet. Pour l'anecdote, le jeune con qui m'avait agressé était blanc.
PPS: Photo trouvée chez Nicolas. J'adore !