Avec une nouvelle augmentation en janvier, le chômage en France tutoie les sommets. En incluant les demandeurs d’emploi ayant eu une activité réduite, le nombre d’inscrits à Pôle emploi atteint désormais les 4,1 millions si on écarte l’astuce qui consiste à ne pas comptabiliser les chômeurs des Dom-Tom.
Que ce soit le chef de l’État ou les membres de son gouvernement, il devient désormais difficile d’accorder du crédit à leur propos tant la froideur des chiffres contredit leur optimisme forcené sur la situation économique du pays qui prend de plus en plus des allures de méthode Coué.
On se souvient des railleries, en janvier 2008, des députés socialistes à l’égard de Christine Lagarde sur un air de « tout va très bien, madame la marquise ». Malgré le temps qui passe la petite musique de Ray Ventura est toujours numéro un au hit-parade du ministère de l’économie et des finances.
Dans un communiqué, Bercy prend certes note de la hausse du chômage mais, n’hésite pas à considérer que “le marché du travail est entrée dans une période moins défavorable qu’en 2009“. Tout aussi sidérant, le ministère n’hésite pas à souligner que la hausse de janvier est “près de deux fois plus faible que la hausse moyenne mensuelle observée en 2009“.
On pourrait en sourire si ces chiffres ne cachaient pas derrière leur anonymat des situations dramatiques. Sans aller à dire que la France de 2010 renoue avec celle de Zola, les crispations sociales et les angoisses seront le pain quotidien de beaucoup de Français dans une année qui risque de paraître excessivement longue.
Derrière l’apparente sérénité de Christine Lagarde, le gouvernement reconnaît malgré tout deux évolutions préoccupantes. D’une part, la hausse du nombre de seniors au chômage alors que le débat sur l’âge de la retraite doit prochainement s’engager. D’autre part, une progression rapide du nombre de chômeurs de longue durée dans un contexte particulier marqué par l’arrivée d’ 1 million de chômeurs en fin de droits en 2010.
Ce jeudi, l’observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale remettait son rapport annuel sur la pauvreté. Outre le fait que l’étude conclut que la France a connu en 2009 sa plus profonde récession depuis la Grande dépression des années 30, le rapport mis en ligne par Médiapart, souligne que la brutale montée du chômage va se poursuivre dans les années qui viennent et que l’on entre dans une phase de chômage durablement élevée.
La barre hautement symbolique des 10 % de la population active au chômage devrait selon toute vraisemblance être franchie en 2010 mais le pic ne devrait être atteint qu’en juin 2011.
On imagine aisément que dans le contexte actuel de dégradation des finances publiques, les conséquences en termes sociaux et politiques seront considérables. Le Médiateur de la république alerte le gouvernement sur ce sujet dans son rapport 2009. Jean-Paul Delevoye a déclaré estimer “à 15 millions le nombre de personnes pour lesquelles les fins de mois se jouent à 50 ou 150 € par mois“.
Sur le million de chômeurs qui arriveront en fin de droits en 2010, 400 000 n’auront droit à rien, pas même au RSA. Après avoir claironné que “la solution n’est pas dans la multiplication des aides de toutes sortes“, Nicolas Sarkozy, sourd jusqu’à présent aux mises en garde, fait désormais marche arrière. Laurent Wauquiez, doit réunir dans les prochains jours syndicats et patronat pour décider de dispositifs qui devront être opérationnels fin mars. Le secrétaire d’Etat a annoncé jeudi 25 février que “des centaines de millions d’euros” pourraient être allouées par l’Etat et l’Unedic à destination des 400 000 “sans droits”.
Pierre Méhaignerie juge pour sa part que nous avons trop de mesures réparatrices et pas assez de mesure préventives”. “Nous n’avons pas de résultats à la hauteur de nos dépenses sociales” déclarait dernièrement le président de la commission des affaires Sociales de l’Assemblée nationale au micro de France Culture. Beaucoup s’accordent sur le fait qu’on a semble-t-il trop tardé à saisir l’importance de la formation permanente des salariés, gage de leur reconversion.
La solution viendra-t-elle de la commission Attali réactivée pour esquisser des pistes de sortie de crise (cf vidéo 2)?
Un de ses membres, Jacques Delpla , économiste et ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, suggérait ce matin sur France Inter (vidéo 3) de proposer aux Français un nouveau contrat social, avec des options de droite et des options de gauche, afin d’être plus performant économiquement, condition pour être beaucoup plus efficace socialement.
Un pari ambitieux, aujourd’hui incontournable, mais qui sous-tend une refonte complète de notre fiscalité avec au passage l’abandon du bouclier fiscal si cher à Nicolas Sarkozy.
Baisse du chômage en décembre
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Jacques Attali - France Inter
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La Commission pour la libération de la croissance française
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