Critique en avant-première : L'arnacoeur (par Jango)

Synopsis :
Votre fille sort avec un sale type ? Votre soeur s'est enlisée dans une relation passionnelle destructrice ? Aujourd'hui, il existe une solution radicale, elle s'appelle Alex. Son métier : briseur de couple professionnel. Sa méthode : la séduction. Sa mission : transformer n'importe quel petit ami en ex. Mais Alex a une éthique, il ne s'attaque qu'aux couples dont la femme est malheureuse.
Alors pourquoi accepter de briser un couple épanoui de riches trentenaires qui se marie dans une semaine ?

Critique :
Soyons clair, je n’attendais rien de l’Arnacoeur. Même si j’avais plutôt apprécié la série « Fais pas ci fait pas ça » réalisé par Pascal Chaumeil, les comédies françaises ne demeurent pas particulièrement ma tasse de thé. Oui mais, et c’est là à mon sens tout l’intérêt du film, c’est que justement ce dernier est réalisé « à la manière » d’une comédie américaine. Structure narrative, dynamique, montage, personnages, rien ne ressemble à ce que l’on a pu voir auparavant dans ce registre dans l’hexagone.
En ressort une bouffé d’air frais salvatrice qui permet de passer 1h40 de franche rigolade. Oui, franche rigolade. Derrière un synopsis ainsi qu’une affiche qui laisseraient présager d’une comédie romantique comme tant d’autres, se cache en réalité un concentré de bonne humeur et de rire aussi plaisant qu’inattendu.
Le scénario tient déjà la route malgré ses quarences. Même si ce dernier reste classique et télescopé, c’est surtout le chemin emprunté par l’histoire qui permet de maintenir une attention soutenue. La séquence pré-générique au Maroc, largement empruntée à d’autres comédies US fonctionne à la perfection et permet d’introduire notre personnage principal ainsi que son job d’une manière on ne peut plus efficace.

Arrive ensuite le cœur du film se déroulant à Monaco, permettant une nouvelle fois d’offrir un décor somptueux à cette histoire de briseur de couple. La photographie, les couleurs chatoyantes, les cadrages travaillés apportent à ce film un cachet et un professionnalisme indéniable malgré le registre très humoristique de l’histoire.
La principale force de L’arnacoeur réside dans le choix judicieux du casting des personnages principaux. Romain Duris nous livre ici une prestation sincère en adaptant son jeu aux diverses situations imposées par le film. Tantôt séducteur, tantôt comique presque burlesque, il change de registre avec une aisance que l’on ne connaissait pas encore complètement. Une aisance permettant de donner à son personnage une profondeur contrastant très bien avec le jeu tout en réserve de Vanessa Paradis, autre choix malin du film. Une réserve d’ailleurs presque déstabilisante mais qui a le mérite d’éviter le trop plein de « caractères forts ».
En effet, l’Arnacoeur ne serait pas la réussite qu’il est sans son incroyable duo de personnages secondaires que sont François Damiens et Julie Ferrier en couple bras droit de notre séducteur de Duris. A chacune de ses interventions, Damiens déclenche l’hilarité générale sans jamais dégager une sensation de déjà vu ou tout simplement de lourdeur. C’est bien simple, en sortant du film, son emprunte est telle que l’on ne pourrait parler que de lui tant ce dernier réussi à dérider nos zygomatiques, bien moroses avec nos comédies habituelles.

La non surprise du scénario se voit donc largement compensée par un mise en scène efficace, des séquences délicieuses à l’instar de ce presque hommage à Dirty Dancing dans une pizzéria de Monaco et surtout une fraicheur et un enthousiasme qu’il serait regrettable de bouder.
L’arnacoeur demeure une comédie haut de gamme, largement au dessus des merd…comédies françaises qui envahiss… sortent sur nos écrans quotidiennement. Évidemment, il ne s’agit pas non plus du film du siècle et, en comparaison avec des comédies types Good Morning England made in UK, il reste encore un gap à franchir. On ne pourra cependant que saluer cette volonté de sortir des chemins traditionnels, de se diriger vers quelques chose de plus pro, plus frais, simplement plus plaisant et surtout plus divertissant.
Pour son premier film, Pascal Chaumeil signe, je trouve, la comédie française la plus réussie de ces derniers mois. Pour vous détendre et passer 1h40 de bonne humeur, rendez-vous le 17 mars en salle pour découvrir cet Arnacoeur !
Sortie officielle française : 17 mars 2010