QFFC : Pierre Escot par Le Fric-Frac Club

Fondateur des éditions PEGG, Pierre Escot est aussi plasticien et écrivain. Aux Editions Derrière La Salle de Bain, il a publié Occiput (poème sexuel) en 2008 et Les Bords en 2009. Il y a quelques semaines, Bartleby parlait ICI d'un texte étonnant, Planning, publié aux éditions PPT en 2007. Comme son titre l'indique, ce livre est présenté sous forme d'un planning ; le narrateur, un cadre supérieur sombrant peu à peu dans la folie, y inscrit quotidiennement ses faits et gestes. Grâce au plasticien Gilles Touyard, un film sera bientôt tiré de Planning alors que Delphine Michel est en train d'en réaliser la mise en scène pour le théâtre. Pierre Escot a eu la gentille de répondre à nos questions et nous l'en remercions. Que ferez-vous lorsque plus personne ne lira de livres ? La terre sera en train d'être dérouté de son orbite, les bombes nucléaires exploseront de partout, une nuée de comètes frappe la terre de tous les côtés, un brouillard perpétuel de poussière cosmique s'installe, je commence par apprendre par cœur le premier livre saisi et un grand éclair blanc traverse la pièce. Le premier souvenir (ou émotion) littéraire ? Il fait chaud, c'est l'été, vacances dans le sud, je lis Jours tranquilles à Clichy d'Henry Miller, et je saute littéralement sur place en lisant, « …et ma pine bondit de joie comme un phoque au cirque. », ça me change d'Alphonse Daudet. Que lisez-vous en ce moment ? Stéphane Bourgoin, Le livre noir des sérial-killers et Leçons et conversations de Wittgenstein. Quels sont les auteurs que vous avez honte de n'avoir pas lu ? Il y a tellement de livres édités, à rééditer, à lire, à relire que ma honte est ensevelie sous des tonnes et des tonnes de papier et de dos carrés. A l'instant où j'écris ces lignes, tenez, une centaine de livres me tombent dessus. Suggérez-moi la lecture d'un livre dont je n'ai probablement jamais entendu parler. Ivan Blatny, Le passant : poète tchèque mort en 1990 dans un asile psychiatrique en Grande-Bretagne, choix de poèmes traduit par Erika Abrams chez Orphée La différence, ouvrage sorti dans l'indifférence générale. On peut encore trouver le livre chez certains bouquinistes. Le livre que vous avez lu et que vous auriez aimé écrire. Hybride sauvage de L'innommable de Beckett, Ferdydurke de Gombrowicz, La croisade des enfants de Marcel Schwob et Le dieu venu du centaure de Philip K Dick. Quel est le plus mauvais livre que vous ayez lu ? Dans un mauvais livre, il y a toujours une phrase ou un bout de phrase à sauver, ne serait-ce même qu'un mot posé là au hasard dans la plus soudaine des juxtapositions. Il faudrait donc faire une compilation des plus belles phrases des plus mauvais livres qui finissent généralement dans le gros pilon du cervelet. Quel est le livre qui vous semble avoir été le mieux adapté au cinéma ? Il y en a au moins deux : Les 120 journées de Sodome du Marquis de Sade qui devient la république fasciste de Salo. Pasolini, il n'y avait qu'un communiste catholique pour réaliser ce tour de force. Et Naked Lunch de Burroughs. Cronenberg en choisissant principalement le parti-pris biographique, en fait un film étonnant sur la création. Ceci dit, la série des Oui-Oui n'est pas mal non plus. Ecrivez-vous à la machine, avec un ordinateur ou à la main ? J'écris avec ma tête, mon cœur et mes tripes. Ecrivez-vous dans le silence ou en musique ? Cela m'est indifférent. Qui est votre premier lecteur ? Moi. Quelle est votre passion cachée ? Vous. Qu'est-ce que vous n'avez jamais osé faire et que vous aimeriez faire ? Parler avec les fantômes. Photographie de Franck Chevalier (c)