Question écarts de langage, l’anglais Nigel Farage n’a rien à envier à ses collègues Cohn-Bendit et Le Pen ni, encore moins, à ces deux ténors que sont Georges Frêche et Michel Charasse du côté français. Cet impertinent sujet de Sa Très Gracieuse Majesté la Reine Elisabeth est coutumier des sorties à l’arme lourde et des diatribes gratuites et bien senties. Cette grande gueule du parlement européen ne jouit heureusement que de peu de crédibilité en dehors de son marigot souverainiste.
Dès lors, faut-il être outré ou scandalisé par le pitoyable numéro de ce triste sire à l’encontre de Herman Van Rompuy, hier au parlement européen ?
Moi je dis non. Pas de quoi en faire un foin, mieux vaut s’en amuser. Ce serait lui faire trop d’honneur à ce pecnot britton qui n’a même pas le bénéfice de la créativité. Hormis le mot « lavette », tout n’est qu’un ramassis de clichés qui ont parcouru en long et en large internet, les médias et bien sûr le Royaume-Uni dès l’annonce de la future possible nomination du Flamand gris. D’accord, c’est grossier, vulgaire, bas, minable, déplorable, tout ce que vous voulez, mais la politique n’est-elle pas le miroir de la société ? Parfois cirque, théâtre ou cinéma ?
Pour ceux qui n’auraient pas vu la scène en vidéo ni lu son compte rendu en français, le Nigel a qualifié monsieur le Président du Conseil de personnage « au charisme d’une lavette » et à « l’apparence d’un petit employé de banque » avant de l’interpeller à la hussarde : « Qui êtes-vous? Je n’avais jamais entendu parler de vous, personne en Europe n’avait jamais entendu parler de vous ». « Vous venez de Belgique, qui est plutôt un non-pays ». « Mais je sens que vous êtes compétent, et capable et dangereux », « vous êtes l’assassin sournois de la démocratie européenne et des Etats nationaux ». Faut-il préciser que Herman Van Rompuy ne dispose d’aucun pouvoir exécutif ?
Si la prestation théâtrale de l’eurodéputé Farage est discutable, il faut tout de même souligner qu’il y a une part de vrai dans ses propos. Je n’en dirai pas plus car je me suis déjà exprimé sur le sujet. Certains lecteurs se chargeront bien de jouer leur petit Nigel.
Mais qui est ce Farage ?
Farage est le chef de file du petit parti des “europhobes” britanniques (UKIP). Au parlement européen, il co-préside (avec un Italien de la Lega Nord) le groupe « Europe Libertés Démocratie » dont le vice-président n’est autre que Philippe de Villers, chef du « Mouvement pour la France ». Avouez que la présence du Vicomte aux côtés de cet énergumène, ça fait tache.