« Mardi 12 Janvier 2010, 16 heures 53, heure locale, - 22 heures 53, heure française -, un violent séisme, de magnitude 7,3 sur l'échelle ouverte de Richter, a frappé Haïti ! Son épicentre, d’abord évalué au large des côtes, a été localisé, à l’intérieur des terres,à seulement 10 kilomètres de profondeur, à 16 kilomètres de la capitale, Port au Prince, dont l'aire urbaine comptait, en 2008, plus de 3.812.000 habitants. Une secousse puissante de plus d’une minute. Le séisme a été suivi par deux fortes répliques, la première de magnitude 5,9 ayant eu lieu sept minutes après la première secousse, et la deuxième, de 5,5, 12 minutes plus tard. » La nouvelle de la catastrophe naturelle majeure, par son importante intensité laissant présager des milliers de victimes, est, ainsi, tombée sur tous les téléscripteurs du monde...
Haïti, officiellement la République d'Haïti, 28.000 kilomètres carrés, occupant le tiers occidental de l'île d'Hispaniola, est un pays des Grandes Antilles situé dans L'Espace Caraïbe, - ou Caraïbe -, une région du globe correspondant au bassin versant de la mer des Caraïbes. L'île, par elle-même, - aussi appelée Saint-Domingue ou Haïti -, a une superficie de 76.480 kilomètres carrés. Elle mesure, peu ou prou, 650 kilomètres de long, d'Est en Ouest, et, du Nord au Sud, sa plus grande largeur est, approximativement, égale à 250 kilomètres. Et elle est implantée sur la plaque tectonique des Caraïbes qui englobe la majeure partie de la Mer des Caraïbes et les îles de la Jamaïque, d'Hispaniola, de Porto Rico et des petites Antilles, le Honduras, le Salvador, le Nicaragua et le Nord du Costa Rica.
Répartition des plaques lithosphériques en Amérique centrale. D'après Sting and Remih.
La plaque lithosphérique des Caraïbes.
La plaque des Caraïbes est une petite plaque tectonique subductante, dernier vestiges du vaste océan global mésozoïque, la Panthalassa, en finalité, sous quelques 8 à 10 millions d'années, de fermeture totale donc en l'état de lente disparition en s'enfonçant à la vitesse de 2,7 centimètres sous celle supportant l'Amérique du Sud, du moins ce qu'il reste d'une terrane détachée du super-continent, la Pangée, il y a environ 180 millions d'années. Elle est en contact, limites divergentes et transformantes sur son front d'attaque excepté au niveau de l'île Hispanolia, avec la plaque Nord-américaine subductante à la vitesse de 1,1 centimètre par an ; limites transformantes et subductantes avec la plaque Sud-américaine ; limites divergentes et subductantes avec la plaque des Andes du Nord ; limites convergentes avec la plaque de Panama ; et limites avec la plaque des Cocos subductante à la vitesse de 6,7 centimètres par an. Ses frontières, avec les plaques tectoniques l'encerclant, sont notamment formées de fosses de subduction.
Schéma simplifié d'une zone de subduction : Processus d'enfoncement d'une plaque tectonique sous une autre plaque, en général une plaque océanique sous une plaque continentale ou sous une plaque océanique plus récente. D'après Luis María Benítez.
En outre, la plaque tectonique des Caraïbes est limitée, à l'Ouest, par la Ceinture de Feu du Pacifique, aux volcans actifs, et, à l'Est, par les anciens arcs insulaires du Crétacé des Grandes Antilles aux volcans en sommeil depuis environ 15 à 20 Millions d'années, des Petites Antilles une vingtaine de volcans(1) actifs aux type d'éruptions violentes, dangereuses et destructrices, et de Haïti, aux volcans majoritairement en sommeil depuis environ 1,5 Millions d'années. Et, comprimée entre 5 masses tectoniques, elle se trouve à l'intersection d'un nombre conséquent de failles actives. Enfin, des six plaques en connexion directe, à la vitesse de 1 à 1,1 centimètre pas an, elle est celle qui se déplace le plus lentement. Même la plaque tectonique de Panama, bien que plus réduite qu'elle et de viabilité n'excédant pas le million d'années, mais poussée par la plaque de Nazca, elle même subductante sous les plaques Sud-américaine et des Andes du Nord, est plus rapide, 1,9 centimètres par an.
Pour achever la présentation générale de la plaque des Caraïbes, il est utile de se pencher sur l'évolution des plaques lithosphériques Sud et Nord américaines. En effet, lors de la formation de l'Océan Atlantique ces deux plaques se sont détachées du super-continent la Pangée, il y a environ 180 millions d'années. Avec l'expansion du dit Océan, l'une et l'autre s'en sont lentement écartées. Par le fait de la dérive des plaques, leur masse se sont rapprochées et depuis environ 10 millions d'années, la plaque Sud-américaine commençant à percuter, à l'Est de la plaque des Caraïbes, la plaque Nord-américaine, a engagé la formation d'un super-continent et enclenché le processus d'une nouvelle orogenèse et la surrection, la masse des deux plaques tectoniques en présence étant imposante et les pressions exercées énormes, d'un immense massif montagneux qui s'allongera depuis le Golfe de Californie jusqu'au large des Grandes Antilles, sur une longueur de près de 5.000 Kilomètres et une largeur d'au moins 1.000 Kilomètres.
Schéma des prémices de l'orogenèse en cours. D'après Sting and Remih.
A ce stade, trois scénarios se proposent pour sceller le devenir des plaques tectoniques Cocos, Panama et Caraïbes et, à un degré moindre, de celle de Nazca.
1° - Le premier scénario repose sur la subduction de la plaque Cocos sous les plaques Nord-Américaine, Caraïbes et Panama ; la subduction de la plaque des Caraïbes sous les plaques de Panama, des Andes du Nord et Sud-américaine ; la subduction de la plaque de Panama sous la plaque des Andes du Nord; la subduction de la plaque de Nazca sous la plaque des Andes du Nord ; avec l'engloutissement total, dans l'Asthénosphère, des quatre dites plaques subductantes. Si tel en doit être la finalité, la viabilité de la plaque de Panama est approximativement de 1 à 2 millions d'années, celle des Caraïbes d'une durée de 8 à 10 millions d'années.
2° - Le second scénario est plus violent. S'il est plus que probable que les plaques Cocos et Nazca, par la subduction de l'Océan Pacifique, achèveront leur existence par engloutissement total, étant deux plaques océaniques anciennes, il peut s'en avérer tout autre pour les plaques des Caraïbes et de Panama qui, à cause des incommensurables pressions exercées par les plaques lithosphériques Sud et Nord-américaines, les prenant en étau et les broyant tels des compresseurs, peuvent s'effondrer littéralement et disparaître, entraînant des terres avoisinantes îliennes reposant sur la plaque Nord-américaine, pour le moins sous les eaux océaniques.
3° - Le troisième scénario a, lui, ses finalités avec la surrection en cours, depuis 10 millions d'années, du nouveau massif montagneux qui soudera, dans quelques 10 à 15 millions d'années, les plaques tectoniques Nord et Sud-américaines. Une partie des terres des plaques tectoniques peuvent subsister et, lors, rester enserrées au cœur même de la chaîne montagneuse mais enterrées sous les roches sédimentaires résultant de l'accumulation et du compactage de débris d'origine minérale, organique, ou de précipitations chimiques, d'une part ; des roches métamorphiques formées par la recristallisation de roches sédimentaires ou de roches magmatiques sous l'action de la température et de la pression qui croissent, avec la profondeur, dans la croûte terrestre ou au contact d'autres roches, d'autre part ; et, enfin, sous les roches ignées, - aussi désignées sous les vocables de roches magmatiques ou éruptives -, par effet du refroidissement et de la solidification du magma, intrusives ou effusives, qui résulteront d'un volcanisme de point chaud.
A suivre : Les raisons du séisme en Haïti : 2/3 l'île d'Hispaniola (Haïti et Saint Domingue)
Raymond Matabosch
Notes :
(1) Ce sont donc près d’une vingtaine de volcans actifs qui composent l’arc antillais. Dans un axe subméridien, du nord au sud, il s’agit du mont Scenery ou the Mountain (Saba), du Quill (Saint-Eustache), du mont Liamuiga ou mont Misery (Saint-Kitts), du Nevis Peak (Nevis), de la Soufrière Hills (Montserrat), de la Soufrière (Guadeloupe), du morne au Diable (Dominique), du morne Diablotin (Dominique), du morne Trois-Pitons (Dominique), du Micotrin (Dominique), du morne Watts (Dominique), du Grand Soufrière Hill (Dominique), du morne Anglais (Dominique), de Foundland (Dominique), du morne Plat-Pays (Dominique), de la montagne Pelée (Martinique), du Qualibou (Sainte-Lucie), de la Soufrière (Saint-Vincent), du Kick’Em Jenny (Grenade) et du mont Sainte-Catherine (Grenade).