Voilages et macramé

Publié le 25 janvier 2010 par Raymond_matabosch


Illustrations: Raymond MATABOSCH

Préface.

Au creux de mes doigts, un trésor unique et rare, un recueil de haïkus, « clichés d'instants fugaces retranscrits avec les mots des yeux et le ressenti du cœur... ». Des kyrielles de tableaux s'ouvrent sur des horizons infinis: paysages uniques et colorés, mondes étranges, senteurs exotiques, sons nouveaux, saveurs épicées..., l’auteur transportant ses lecteurs dans un univers subtil de poésie, le sien... envoûtant.

« Eaux vert émeraude,

ombres bleu et indigo,

la Mer d'Andaman. »

Regards interrogateurs, avides de découvertes, à travers des tercets, rythmés en 17 ou 18 syllabes, expressifs, d’une grande sonorité..., la plume emporte vers des rives où nul lecteur n’a encore été se poser. La magie opère... Ouvrir les pages une à une, suivre le tracé des lignes, et se laisser guider pas à pas... La lumière vient et explose. Soleil d’été, soleil brûlant, réchauffant les mots, et soleil habillé d’Or, pour nous éblouir.. dans le jour naissant, déroulant sa cape de soie... Et les haïkus jouent, dansent, virevoltent, ballet vertigineux, mystérieux…

Le vent, ami du poète, chante, transcende... Le souffle est tantôt doux et parfumé tantôt puissant, cherchant toujours des dunes à caresser. La plume est si légère que les haïkus ressemblent à ces jeunes cygnes blancs en parade sur les eaux des lacs bleus. Ils sont des notes, des dièses, des sons étranges, enivrants et langoureux Quelques octaves s’éternisent... et les mots s’envolent comme des oiseaux en liberté.

« Couchers de soleil

rosissant, Mer d'Andaman -

Rochers de Prompthep. »

Les haïkus n’ont pas de secret pour Raymond Matabosch. Il les apprivoise, il les caresse, puis les libère pour mieux nous charmer. Le poète est musicien, chanteur, écrivain. Il pianote sur toutes les gammes, il tire des sons poétiques, d’une nouvelle dimension et les Haiku et les tanka, aux mots travaillés avec élégance, deviennent autres dans leurs habits de gala. Tout y est fleur laissant le lecteur en extase! Et les pages s'ouvrent délicatement pour nous révéler la beauté d'une gemme rare, de joyaux.

« Gelées matinales,

des stalactites aux fenêtres.

Sapin de Noël.

Un élan meurt au matin,

la neige est rouge sang. »

Ce style d’écriture ne peut être que personnel, le poète sachant lui donner le meilleur de lui: Comme une essence précieuse, sa plume devient l’opium d’une rêverie! Parfois le Haïku est un phare sur la mer, un laser qui irise l'onde bleue. Il est aussi un oiseau migrateur aux ailes ouvertes sur l’infini.

« Au soleil levant,

toute la vallée du Nil,

dans le brouillard, baigne.

Une mer blanche immobile

dans l'éternité des temps. »

En vérité, le poète est un pèlerin, en route sur tous les continents, peignant tous ses ressentis avec des teintes multicolores. Sous son pinceau, les haïkus se métamorphosent en tableaux de la nature, magnifiant les océans, les paysages, les volcans, les terres et les îles. Il déverse les couleurs et les saveurs. A toute chose, il met en relief les sentiments, les émotions sans contrainte de rimes. Il s’étire comme un tussor sur l’horizon rougi par le soleil couchant, il tremble quand la plume hésite et vacille.

« Le désert derrière,

avec ses dunes de sable

et ses pyramides.

Un océan violet sombre

aux vagues pétrifiées. »

Dans le sablier, grain après grain, s'écoule le temps précieux. Le vent a façonné des dunes d'or où les Haïku y sont des roses des sables. Prenons le temps de trouver l'oasis poétique et de savourer ensemble ces dattes sucrées en tournant les pages de « Voilages et macramés... » de Raymond Matabosch.

MaryJo CLAUS.