Lucien Bouchard et les lucides
Tout d’abord, Lucien Bouchard est sorti d’un long silence, la semaine dernière, pour ébranler les convictions des souverainistes.
Pauline Marois a faiblement réagi en affirmant qu’il était fatigué et la famille bloquo-péquiste a chanté en cœur l’égarement de son ancien chef.
Maintenant, il nous refait le coup du manifeste Pour un Québec lucide, mais en ciblant, cette fois-ci, le monde de l’éducation.
En comparant les signataires du manifeste et de ce pacte on peut remarquer qu’en plus de Lucien Bouchard, messieurs, Joseph Facal, Robert Lacroix, Pierre Fortin et Claude Montmarquette sont signataires des deux documents.
Ce qui est le plus surprenant de ce Pacte pour le financement concurrentiel de nos universités, c’est la présence de quatre ex-dirigeants d’associations étudiantes et de deux anciens recteurs universitaires.
C’est le double de la représentation des représentants du milieu des affaires!
Les propositions de ce pacte m’ont rappelé une note économique et le résumé d’une des conférences de Mathieu Laberge que j’avais bien aimés. Ses propos vont dans le même sens, c’est même un peu surprenant qu’il n’ait pas été l’un des signataires du Pacte.
Suite à la sortie de la semaine dernière, lundi matin, Jean Lapierre a fortement suggéré à Gérard Deltell d’ouvrir les portes de son parti à Lucien Bouchard. Avec le pacte d’hier, il est bien difficile de croire que Lucien Bouchard et ses amis ont préparé et signé ce document sans avoir aucun plan pour l’avenir.
Mon analyse : Plus que jamais, j’ai l’impression qu’il va y avoir de grands changements dans le monde politique québécois dans les prochains mois.
En 2005, les lucides reprenaient des positions adéquistes, mais Mario Dumont n’a pas été en mesure d’en convaincre un seul de se joindre à son parti. En réalité, la seule vedette que Dumont a pu recruter, après l’élection de 2003, c’est Gilles Taillon et bien peu affirmeront aujourd’hui que ç’a été bon pour l’ADQ.
Il est important de rappeler que l’ADQ vivotait entre 15 et 20 % dans les sondages dans les six derniers mois de 2005. C’était un peu mieux que le 9 % du Léger Marketing-Le Devoir de la semaine passée, mais ce n’était pas les gros chars non plus à l’époque.
Certains se dépêcheront de me rappeler que l’ADQ post-2003 et l’ADQ d’aujourd’hui ce n’est pas du tout la même chose. Je suis en parti d’accord avec eux.
La différence, aujourd’hui, c’est justement que la faiblesse de l’ADQ incitera probablement son nouveau chef à trouver un terrain d’entente avec Lucien Bouchard et ses amis.
Je peux me tromper, mais j’ai le sentiment que Bouchard et Cie vont mettre sur pied un mouvement apolitique quelconque qui va reprendre certaines idées du manifeste des lucides et du pacte sur l’éducation.
D’autres propositions proviendront surement du rapport de Jacques Ménard sur le décrochage scolaire, du rapport Montmarquette sur la tarification des services publics, du rapport Castonguay sur le financement du système de santé, du rapport Pronovost sur le monde l’agriculture et des fascicules (1, 2 et 3) préparé par les quatre économistes du comité consultatif pour le prochain budget provincial.
Tout ça représente un très bon début de programme politique.
Considérant que Lucien Bouchard a eu 71e ans en décembre dernier, je serai très surpris qu’il prenne la tête d’un tel mouvement, mais sa participation aura un effet bœuf évidemment.
Qui pourrait prendre la tête de ce mouvement de changement ?
C’est bien difficile à prévoir, il y a bien sûr plusieurs noms qui reviennent dans la tête des gens politisés. Ce pourrait être un ancien ministre péquiste, Joseph Facal ou François Legault. Du côté plus libéral, on ne peut ignorer le passionné Jacques Ménard et pourquoi pas le retour d’un autre ancien ministre des finances de Jean Charest, Yves Séguin.
Une fois que toutes ces personnalités se seront entredéchirées l’appui de Lucien Bouchard, c’est bien évident qu’Éric Caire et Marc Picard se joindront à eux.
Puis, enfin, un peu comme l’Option citoyenne de Françoise David a fusionné avec l’UFP d’Amir Khadir, il y aura un grand mariage entre ce mouvement et l’ADQ de Gérard Deltell. Ce serai pas trop surprenant que ce parti porterait d’une certaine façon le nom de lucide.
J’ai l’impression que tout ce scénario, qui était plutôt un rêve utopique il y a deux semaines, pourrait prendre forme d’ici l’automne et qu’il aboutira par la formation d’un nouveau parti vers l’automne 2011.