J'aurais voulu être une artiste.
Ou plutôt, non.
Ou si.
Une actrice.
Ou non.
Une comédienne.
L'odeur des planches, leur craquement, je me souviens de l'odeur de la salle, du stress dans notre "loge", cette planque sous la scène, où l'on fumait, l'on buvait, l'on riait, l'on se faisait maquiller, et surtout, où l'on stressait.
Un besoin de sortir de soi-même, des rôles à l'opposé de notre personnalité, pour nous cacher, nous protéger, nous exprimer, avec toujours ce vague espoir que quelqu'un verra ce qu'il y a en dessous.
La poésie des mots.
Un espace.
Une drogue.
Des images.
Mes mots sont gribouillés, même pas, ils sont simplement posés, je me demande comment, je ne sais pas m'exprimer, et la musique est partie.
Les notes ont flotté, la douce voix aux mots d'enfants m'a transporté dans un monde iréel qui n'est pas si loin, et elle parlait, avec des mots d'enfant, pour exprimer des histoires d'adultes.
Pourquoi cette séparation ?
Pourquoi cette distinction ?
L'enfant qui vit en moi veut vivre, il veut partir, il veut aller vivre avec les Bohémiens, avec les Indiens, avec ces gens hors du commun que l'on a refusé, exploité, qui me fascinent, car ils vivent, dans le même monde, mais ils vivent différemment.
Comprendre.
Juste comprendre.
Est-ce une fuite d'un univers trop oppressant ?
La ville presse.
Les gens pressent.
Et je ris jaune. Pourquoi les gens se soucient-ils soudainement plus de toi lorsque tu souffres physiquement, alors que tu en aurais plus besoin lorsque tu souffres psychiquement ?
Pourquoi n'a-t-on pas des yeux qui voient l'âme des autres, pourquoi ne veut-on pas voir ?
J'ai lu du désespoir, de la haine, j'ai vu de la autre chose, aussi, dans ses yeux. J'aurais voulu l'embrasser, le serrer dans mes bras, simplement.
Certains ont fui, certains ont cherché à fuir, certains se sont exprimés mais on ne les a pas compris, certains on expérimenté, et ensuite, on leur a dit que tout cela était mal, que ce n'était pas bien.
C'est quoi, le bien, finalement ?
J'aime ces périodes où l'on nous balance pleins de questions, et que l'on nous dit que nous chercherons des pistes, mais que nous n'auront pas de réponse.
Alors que l'on voudrait nous en imposer. Pourquoi ? Parce que c'est plus facile, parce que c'est comme ça.
Expérimenter.
Voler.
Un silence.
Une souffrance.
Une existence.