La tentation était trop forte d'utiliser le titre d'un roman du Gallois Roald Dahl pour évoquer l'enjeu du match qui opposera le XV de France à son homologue Gallois, vendredi soir.
En cas de victoire, les hommes de Marc Lièvremont tutoieront un bonheur qui fuit les bleus depuis 2004, celui d'un grand Chelem dans le Tournoi. Qu'on le veuille ou non, ce fichu centenaire se porte bien, et reste un événement majeur du rugby mondial, que l'aseptisé Super14, la pléthorique H Cup ou le musculeux Tri-Nations n'ont pas supplanté dans le coeur des amateurs européens de ce sport.
Pour atteindre ce petit Graal ovale, les Français devront affronter l'Italie et l'Angleterre. Mais surtout, ils auront à vaincre le dragon dans son antre du Millénium de Cardiff. Autant dire que ce n'est pas gagné. Il est loin le temps où les matchs au Pays de Galles passaient pour d'aimables promenades. Souvenez-vous des Tournois des années 80 et 90, lorsque la principauté vivait dans le deuil de sa génération dorée et l'ombre du génial Gareth Edwards.
Après ce délai de viduité, les Diables rouges sont ressortis de leur boite, et ont offert au rugby européen un nouveau visage, offensif et victorieux. Aujourd'hui, même un peu en retrait par rapport à leurs prestations des deux dernières années, le XV de Galles reste un redoutable adversaire. Et sous le toit fermé du Millénium, ils pourraient bien barrer la route des bleus vers le septième ciel qu'on leur promet depuis leur victoire face à l'Irlande.
Le ciel risque donc d'attendre, et c'est même "Highway to Hell" que tous les Thomas, Jones et Williams du crû entonneront certainement. Parmi les Williams, Shane, pas le plus grand, mais du talent : un maître (soixante-dix) de vitesse et d'appuis au service d'une équipe de Galles amoindrie par les blessures et qui aligne des débutants.
Une chose parait certaine : les bleus vont devoir être très très solides. Plus qu'à l'entrainement en tout cas, qui a vu Pascal Papé et Benjamin Fall se blesser.
C'est simple, cette rencontre est un test. Celui des capacités des hommes de Lièvremont à - enfin - enchaîner trois matchs victorieux. La faculté de défendre intelligemment et de jouer les ballons avec a propos, entrevue il y a quinze jours, ne demande qu'à se confirmer. Solides en mêlée, les Français devront corriger le tir en touche et régler les soutiens offensifs. On souhaite qu'Alexis Pallisson prouve à tous qu'il est plus qu'un second choix, que Mathieu Bastareaud continue de montrer qu'il n'est vraiment pas commode de jouer contre lui, et que la charnière Parra-Trinh Duc poursuive sa marche en avant.
Et si cela veut bien sourire, ce ne sera pas un "beau dimanche", n'en déplaise à Roald Dahl, mais un beau vendredi, c'est certain...