Quand on lit un livre par décennie, on n’est pas franchement emballé par un cadeau de 270 pages à la couverture tristounette. On regarde… tiens ! Un « Roman noir et gastronomique », c’est original. Fais voir le résumé… mouais, ça vaut peut-être le coup. Allez, je me lance.
Sincèrement, « Meurtre à la pomme d’or » m’a enchanté. Et pourtant je suis un lecteur débutant, pas réellement passionné par les livres. Ceux qui bichonnent leurs ouvrages, tout comme d’autres astiquent nerveusement leur porcelaine, me font rire. A tort probablement.
Mais voilà, j’aime la cuisine, et je suis tombé pile poil sur le type d’histoire qui n’est pas trop chiante, tout en étant historiquement intéressante et a fortiori prenante.
C’est la bio de Robuchon ? Le Michelin 2010 ? Les mémoires de Lignac (quel cynisme) ?
Et bien non, c’est bien un roman, dont l’histoire se passe il y a cinq siècles, à Montpellier pour être précis. « Pourquoi cette ville sans intérêt ? »… Mais si ! Montpellier a un intérêt : sa faculté de médecine. Car la médecine est un des deux sujets principaux du livre : pour une sombre histoire de poison, un complot va éclater contre les apothicaires, sur fond de haine juive, et deux petits jeunots vont partir en vadrouille pour retrouver la cause de ces meurtres épicés. Particularité : le personnage principal est un fondu de cuisine, d’où le fameux « Roman noir et gastronomique ».
« C’est tout ? C’est ça ton roman ? »
Effectivement, si le résumé est assez rapide, les pages amènent néanmoins leur lot d’informations « bonus ». La cuisine n’a dans le fond rien à faire dans ce livre, n’interférant à aucun moment avec le cours de l’histoire, mais sa présence rend la lecture particulièrement bénéfique pour le ciboulot et la ciboulette. François et Félix découvrent en effet de nombreuses recettes et coutumes, aujourd’hui encore utilisées, dans des zones géographiques culino-prolifiques que sont le sud-est français et l’Italie.
On apprend par exemple que la tarte de massapan n’est autre qu’une recette de Nostradamus, que la fourchette est une œuvre italienne ou que la mortadelle vient de Bologne (ça mes cocos, c’est de l’info !). Notons aussi que, raffinement littéraire ultime, beaucoup de personnages de ce livre (scientifiques, médecins, artistes…) ont en fait bien existé, sans toutefois avoir vécus les rebondissements tonitruants inventés par Michèle Barrière.
L’auteur a joué subtilement du crayon pour mélanger aventure, râpage de carottes et dissection, sans en faire trop, en arrivant à nous surprendre et en appuyant religieusement les particularités de l’époque. Bien sûr, la fin s’imagine dès le début, on a des héros, des méchants, des traitres… bref, la confiture habituelle des romans à succès. Mais grâce à un style d’écriture abordable et une concision de chirurgien dans les faits rapportés, qu’ils concernent directement les personnages ou leur environnement, M.A.L.P.O (ça le fait hein ?) se lit vite et bien. C’est tout ce qu’on demande.
On ne sort pas de ce livre en ayant pour seule impression d’avoir suivi une épopée improbable. Non, on s’attache au protagoniste, on partage ses sentiments, on subit sa passion tout en accompagnant ses rêves. Tout ça pour un fruit…
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