Simple : Le développement des usages du web 2.0 tient au fait que les utilisateurs ont tendance à élargir leur cercle relationnel bien au-delà de ce qu’il était possible d’extrapoler de leurs pratiques de sociabilité dans la vie ordinaire.
Le réseau sert à élargir son réseau.
Plus compliqué :
Dominique Cardon systématise les choses. De la théorie solide comme une bonne soupe.
Pour se lier, on peut être ou faire, se projeter ou s'inscrire dans la réalité.
Le blogueur projete son être, passif il s'invente, quand une petite main de l'encyclopédie wikiverselle fait anonymement sa part. Le bon gars de Peuplade passe 5 minutes par jour sur son ordinateur pour attaquer la réalité à pleines dents à boire des coups avec des voisins inconnus. Coeur solitaire renseigne scrupuleusement ses préférences culinaires, pour passer de l'être au charnel.
En tout état de cause, pour se lier, faut s'extimer [action de s'ouvrir le ventre de haut en bas pour dévoiler aux regards ses entrailles charnues].
Vieux briscards d'avant-le-net : autant les premiers participants à Vidéo-gag que le marquis de Sade (un second point commun : le plaisir à torturer plus ou moins en pensée les jeunes enfants).
Ici-là présentement, on s'exhibe pour s'allier.
Fini de jouer au Bowling seul !
- Le réseau, c'est consolant. Forum des adolescentes déplorant une machoire prognathe. SO-LI-DA-RI-TE (pause) AVEC LES DETRAQUES.
- Le réseau, c'est l'égalité. A MORT LA HIE-RAR-CHIE (pause) ET LA DOMINATION ! CREVE LE PATER-NA-LISME (pause), TOUTES LES EXPLOITATIONS, SUS A L'OLIGARCHIE (soupir) ET LES PYRAMIDES.
Des réacs dans la salle ?
J'en conviens, c'est un peu con-con, ce qui nous lie. Mais, comme dirait doctement un sociologue, (Stéphane Hugon):
" Notre société a évacué les temps morts, les lieux de convivialité dédiés au bavardage. Or, ce bavardage est nécessaire. Les sociétés ne survivent, paradoxalement, que sur le creux, le vide. La structure fondatrice de notre culture c’est le rien, le néant. Aujourd’hui, Internet est devenu le réceptacle de cet échange de vide, de ce rien."
La connerie comme condition de survie de la société, mon ami.
J'ai mieux. Pierre Mercklé a mieux.
La force des liens faibles.
Concept de Granovetter selon lequel « les individus avec qui on est faiblement lié ont plus de chances d’évoluer dans des cercles différents et ont donc accès à des informations différentes de celles qu’on reçoit ».
Voyez, nous a pris à Vincent Ravalec et moi son inconnue l'idée saugrenue de nous faire une expo, après bref contact via réseau 2.0.
Fin de l'histoire. Vous pouvez faire mieux.
(Dans ce qui suit, votre humble servante va s'humilier davantage encore.)
Tout avait l'air chouette. Pour sortir des moments difficiles, outre un peu d'astuce et d'espièglerie, avoir des amis est très utile.
(Courage, elle sert les dents)
Et s'ils viennent du net, ma foi...
Fin de l'histoire.
Retournement.
On ne s'exhibe pas pour s'allier. ON S'ALLIE POUR S'EXHIBER.
1ère salve de Stéphane Hugon :
"Un profil sur Facebook ou MySpace sans liste d’amis est condamné à disparaître rapidement. Autrement dit, un émetteur sur Internet ne devient lui-même qu’à partir du moment où il fait partie d’un petit groupe à travers lequel il va avoir le sentiment d’exister".
2nde salve par Dominique Cardon : "... Cette articulation entre renforcement de l’individualisation et recherche relationnelle apparaît de manière particulièrement évidente avec les blogs... Des travaux statistiques récents ont montré que les blogs qui n’étaient pas commentés, étaient très vite abandonnés et que leur durée de vie était étroitement corrélée au nombre et à la densité des commentaires qu’ils suscitent."C'est comme un one-man show avec zéro spectateurs dans la salle. C'est pas drole.