Dommage !
Avoir une si belle occasion, déployer tant d’énergie, pour échouer si près du but… Quelle déception !
Je veux parler de la grève chez TOTAL.
Dès l’annonce de l’occupation de 8 raffineries par les "salariés en colère", tous les médias se sont mobilisés rêvant d'une situation apocalyptique en France pour cause de pénurie de carburant.
Dans les premiers journaux du matin les "experts" (en l'occurrence, les raffinologues ou les pétrologues) sont consultés avec l'espoir qu'ils vont annoncer avec autorité (c'est à ça qu'on reconnaît les experts) une situation catastrophique dans les prochaines heures et une France complètement désorganisée.
Manque de pot, ces spécialistes se montrent plutôt rassurants en indiquant que la France dispose de 10 à 20 jours de stocks et que de toutes façons, il n'y a pas que TOTAL.
Oui, mais… c'était pas ça que les journalistes voulaient entendre. Eux, ce qu'ils veulent, c'est la pénurie, la panique, l'émeute même.
Alors on choisit d'autres raffinologues après leur avoir fait la leçon, cette fois… mais ils ne se montrent pas plus coopératifs.
Je pense à cette radio qui, dans ses journaux du matin, a interrogé 3 experts différents qui se sont tous montrés rassurants au point, qu'en désespoir de cause elle a interrogé dans son journal de la mi-journée le représentant CGT de TOTAL qui lui au moins, et comme par hasard, a annoncé l'apocalypse.
Avec circonspection, certains médias sont même allés jusqu'à interroger des membres du gouvernement mais en précisant bien qu'ils ne parlaient que la langue de bois et que de toutes façons leur rôle était de se montrer apaisant et que, bref, il ne fallait surtout pas les croire.
Tout a été fait au cours de ces trois derniers jours par l'ensemble des médias d'info pour CREER un évènement majeur. C'est dans ces situations de crise que le journaliste moyen voit enfin son heure arrivée et qu'il se sent soudain investi d'une mission majeure. Et s’il n'y a pas de situation de crise, et bien il n'y a qu'à la créer. Au cas particulier en affolant la population et en la poussant ainsi à faire des provisions pour générer une véritable pénurie.
Tout était donc prêt au matin du 23 février pour lancer les grandes manœuvres journalistiques.
Les rédactions avaient fourbi leurs interviews et leurs reportages montrant des français paniqués à la recherche d'un peu d'essence, des files de camions de livraison bloqués sur les routes, des queues de clients devant des magasins d'alimentation en rupture de livraisons, et même, j'imagine, des morts par centaines dans les hôpitaux à cause des coupures d'électricité ou des médecins immobilisés.
Et voilà t-il pas que dans la journée du mardi on apprend que les discussions ont repris entre TOTAL et les syndicats et qu’un accord est sur le point d’être trouvé avec pour conséquence journalistiquement catastrophique la levée du blocus des raffinerie.
Désespérant ! Plus de pénurie, plus de chaos, plus d’émeute ! Quel échec pour les médias !
Tout est à recommencer. Y a plus qu’à attendre le prochain mouvement des lycéens. Avec eux au moins, et l’appui des enseignants, le succès est assuré.