Difficile pour un ex-banquier de passer à côté d’une satire du monde bancaire. Vents d’Ouest avait déjà abordé le sujet avec la série les Banquiers réalisée par Perche, alias Hervé Richez, et Eric Miller, centrée sur la banque de réseau. C’est au tour de Thibaut Soulcié, un auteur né en février 1983, de se lancer seul dans cette entreprise de démolition tout à fait dans l’air du temps. En 2008, il avait publié sous le nom de Tibo Soulcié l’album Marine à Babylone pour l’Echo des Savanes.
L’histoire de Banques de pute raconte les mésaventures d’un homme ordinaire M. Plichon qui vient ouvrir un livret d’épargne dans une agence bancaire du Crédit sociétal avec un pauvre chèque de 100 euros. L’accueil change quand il y revient déposer un nouveau chèque de 150 millions d’euros gagnés grâce à un ticket de l’Europognon. Soudain, la banque déploie un tapis rouge devant lui. Les banquiers vont lui faire découvrir toutes les arcanes du système et lui montrer comment ils vont faire disparaître tout l’argent en s’enrichissant sur son dos !
L’auteur a travaillé avec deux professionnels de sa famille, un trader de la City à Londres et un banquier francilien. Il essaye de comprendre pourquoi l’épargnant lambda ne bénéficie que de miettes d’intérêts quand les banques amassent des profits records. Il s’attaque aux méandres de la sophistication bancaire, de la titrisation aux bulles spéculatives, responsables dans le cadre de la mondialisation des hausses de prix absurdes et des délocalisations. Pas sûr que les traders et dirigeants bancaires apprécient le portrait qui leur est brossé, entre les bonus astronomiques pris même en cas de pertes ou les parachutes dorés qui ne s’ouvrent plus de la faute du gouvernement. Le néophyte pourra entrer dans cet univers présenté de manière assez didactique et drolatique. Le dessin très caricatural plaira aux amateurs du genre.__________________________