Spécialiste des têtes couronnées, Patrick Weber n'hésite pas à introniser la France républicaine dans les rangs des monarchies les plus établies. Sans doute faut-il être Belge pour s'attaquer ainsi à un portrait de la première Dame des Français sans être taxé d'implication partisane.
Relatant les apparitions publiques de l'ex-mannequin, mangeuse d'hommes et encore actuelle chanteuse, depuis son mariage avec "Nicolas Ier", le journaliste tente de percer l'énigme d'une femme experte consommée dans l'art de l'esquive.
Une richissime vestale zen qui donne l'impression de jouer un rôle, avec fonction d'apaiser le président et de le défaire de son image de Zébulon hyperkinétique doublé de celle d'un homme d'Etat autoritaire.
Elégante, élancée, naturellement indolente, polyglotte avertie, politiquement éprise des intellectuels de gauche, la reine Carla tiendrait tant d'une Catherine ou d'une Marie de Médicis, Joséphine de Beauharnais, Marie-Antoinette que d'une Astrid de Belgique, Diana Spencer, Grâce de Monaco ou même et surtout d'une Jackie Kennedy. Chacune de ces ressemblance étant évaluée selon un coefficient de Carla-compatibilité .
"Carla souffre d'un syndrome bien connu par les reines de France. Elle paraît lointaine, coupée des réalités du peuple. A ceux qui réclament du pain, elle propose de lire de la poésie. Et quand on s'attendrait à la voir marcher, tête baissée , deux pas derrière son auguste époux, elle donne plus souvent l'impression de n'en faire qu'à sa tête."
Mystère d'un couple, mystère d'une fonction bien délicate à négocier.
Apolline Elter
La reine Carla, Patrick Weber, document; éditions du Rocher, février 2010, 190 pp, 18 €