Paso Doble n°168 : L’Attrape-Migaud ?

Publié le 25 février 2010 par Toreador

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Par Toréador | février 25, 2010

A las cinco de la manana…

Elections, pièges à cons. Et les nominations, alors ?

En nommant Charasse et surtout Migaud, respectivement au Conseil constitutionnel et à la Cour des comptes, Nicolas Sarkozy a montré qu’il savait être noble et authentiquement républicain. Ce n’est peut-être pas de l’ouverture stricto-sensu, mais c’est de l’ouverture d’esprit. Les quelques sectaires du PS ou de l’UMP pourront grommeler que c’est de la traitrise, je dis moi qu’il faut reconnaître les qualités de quelqu’un lorsqu’elles sont réelles. Et applaudir des deux mains.

Certes, on pourra opposer qu’il le fait par esprit tactique, pour désunir la Gauche. Je ne pense plus que ce soit sa première motivation. Premièrement, la Gauche ne se sent pas gênée par le départ de Charasse, qu’elle avait elle-même exclu, ni bouleversée par la nomination de Migaud, qu’elle estime compétent. Deuxièmement, la Droite a mal encaissé le coup, à trois semaines des Régionales. L’ex dir-cab de Sarkozy, Emmanuelle Mignon, et l’ex-flingueur de la Sarkozie, Patrick Devidjian, doivent méditer en ce moment-même sur la parabole de l’enfant prodigue…

Certes, on pourra opposer que Chirac, en nommant Séguin, avait quelque part lui aussi voulu assurer l’indépendance de la Cour des comptes. Ce serait une erreur car les prédispositions et le calcul de Chirac étaient tout autre : Séguin avait été nommé là parce, dixit le Canard, « c’est à la Cour des comptes qu’il m’emmerdera le moins« . Et avant de partir, Jacques eut la présence d’esprit de nommer son plus fidèle grognard pour diriger le Conseil constitutionnel et emmerder son successeur. La totalité des présidents a toujours placé des fidèles, ce qui a d’ailleurs fini par provoquer mai 1981, toute une génération étant barrée des postes à responsabilité par une même élite néo-gaulliste depuis 30 ans.

La décision de Sarkozy n’est donc ni un attrape-Migaud, ni un mauvais calcul de sa part. Ce n’est pas, pour plagier Thiers, « un Migaud que l’on mènera« . Ce sera un adversaire loyal mais coriace. Oui, sur ce point, Sarkozy fait mieux que ses prédécesseurs en montrant que l’ouverture est une philosophie personnelle, en sortant de la logique de clan, et en montrant que le sectarisme est pour l’instant plus « en face« , à Gauche, qu’en Sarkozy lui-même.

L’opposition morcelée devrait donc tenir compte de ce que son épouvantail est de moins en moins effrayant pour l’opinion, et commencer à réfléchir à un programme plutôt qu’à un slogan du type « Tous Sauf Sarkozy ». Autant des affaires comme l’EPAD montrent que Sarkozy ne se rend pas toujours compte de la limite jaune de la déontologie, autant les nominations récentes permettent de se rassurer sur sa capacité de jugement.

Au final, le plus intéressant reste l’évolution sociologique des deux institutions susnommées. Clairement, le Conseil Constitutionnel est de plus en plus politisé : dans les années 60, on y nommait des juristes, pas des anciens ministres. Quant à la Cour, je ne suis pas d’accord avec Jegpol qui souhaiterait finalement une sorte de gouvernement des juges où cette institution déciderait pour les élus de ce qu’il faut faire ou pas. Il faut prendre le problème en sens inverse : le risque est que se prenne l’habitude d’y nommer là aussi des hommes politiques et de vouloir faire d’une administration, un contre-pouvoir.

Tags: cour des comptes, Didier Migaud, Michel Charasse

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