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Jacques-Francis Rolland est un écrivain et journaliste. Dans cette autobiographie, publiée quelques mois après sa mort, il raconte les ombres et les lumières de sa jeunesse, depuis ses racines, 1926 jusqu'à son envol en 1956. Le premier souvenir qui s'affirme dans son esprit survient à quatre ans, l'image d'Albertville, qui lui revient comme la saveur d'une madeleine à la vue d'une affiche de la ville olympique en 1986. Cette première incursion dans l'imposante mémoire de l'écrivain nous augure de son aura stylistique.
A lire les descriptions pittoresques d'une telle précision de ses plus lointains rivages, on se dit que l'écrivain est hypermnésique. C'est en effet avec un réel souci du détail ponctué de savoureux brins d'humour, que l'écrivain reconstruit sa génération et son siècle tourmenté. Au cœur de ses évocations du passé, l'auteur sème les pensées qu'il a héritées ou appris de ses expériences : « En somme, comme André Breton, j'ai toujours parié contre Dieu. A l'aube du XXIème siècle je suis stupéfait et attristé devant le retour en force de fanatismes religieux ». Il retranscrit les conversations passées qu'il a menées avec d'autres étudiants de sa génération sur la guerre, marquant ses doutes sur le socialisme, au regard des exactions de Staline, avant de rompre définitivement avec le communisme à l'issue de ce pan d'existence. Le résistant avait pourtant adhéré au PC clandestin en 1941. Le reporter, correspondant de guerre pour le quotidien Ce soir et l'hebomadaire Action nous rapporte ainsi les coulisses de cette sanglante histoire, rappelle les combats impitoyables, la résistance héroïque, la libération ou évoque encore dans son exacte tension les procès de Nuremberg qu'il a vécus au plus près de l'histoire, dans l'auditoire. Il retrace aussi toutes ses rencontres et ses anecdotes avec tout ce que les rives gauches comptait d'intellectuels. Ses mémoires d'éléphant sont à classer dans la grande littérature autobiographique tant l'auteur brille par son talent de conteur et son style. Cette plongée claire dans un passé restauré est une manne, une malle d'existences à partager. L'écrivain est mort en 2008 à 85 ans sans avoir pu terminer son ultime œuvre. Il reste les mémoires claires et vivantes pour lutter contre la seconde mort, l'oubli, comme l'aurait dit Dorgelès.