Tout en refusant d'être ce que fut Arnaud Lagardère pour Paris 2012, le patron de Danone engage son nom et sa filiale Evian derrière la candidature savoyarde aux Jeux d'hiver.
Le comité de candidature de la ville d'Annecy pour les jeux Olympiques d'hiver de 2018 compte un nouveau soutien de poids : Franck Riboud. Le PDG de Danone doit annoncer aujourd'hui la signature d'un accord de partenariat faisant de son groupe le « supporteur » de la préfecture de la Haute-Savoie, qui affrontera Munich et Pyeongchang (Corée du Sud) en juillet 2011 à Durban devant les membres du Comité international olympique. Dès le 15 février, au lendemain de la cérémonie d'ouverture, le comité de candidature a tenu une conférence de presse devant les journalistes présents au Canada. Sous la houlette du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), sept soirées auront permis de recevoir les représentants olympiques de différents continents. Et, guidé par un Jean-Claude Killy décidé à s'impliquer, Edgar Grospiron, nommé directeur général d'Annecy 2018 (après la décision des politiques de se cantonner à un conseil de surveillance présidé par Guy Monteil, président du Conseil général de Haute-Savoie), aura rencontré quelque 65 membres du CIO. « Nous ne sommes pas visibles sur le plan international, Vancouver est notre dernière chance », a déclaré à « L'Equipe » l'ancien champion olympique de ski de bosses. Franck Riboud constitue donc le maillon économique de ce plan sinon de sauvetage, du moins d'accélération de la promotion de la candidature française.
Tout en prétendant ne pas être un ambassadeur plus important qu'Aimé Jacquet ou le cuisinier Marc Veyrat, le fils d'Antoine Riboud, qui fut proche de Jean-Claude Killy et sponsor d'Albertville avec Evian, reconnaît que « mettre en avant le nom et le poids de Danone (15 milliards d'euros de chiffre d'affaires) donne du crédit à la candidature ». Pour autant, celui qui rappelle « avoir été élevé à Annecy » dans une maison au bord du lac, propriété de la famille depuis trois générations, et qui affirme être « un excellent skieur », « n'entend pas être à Annecy 2018 ce qu'était Arnaud Lagardère à Paris 2012 ». Ambassadeur de bonne volonté, oui, leader d'un pool d'entreprises, non. « Il faut m'utiliser comme un levier », préfère-t-il.
« En réalité, précise-t-il également, ce sont les entités du groupe situées dans la région, la source Evian, les casinos et hôtels d'Evian, le golf d'Evian qui soutiennent le projet, avec comme animateur Jean-Pierre Deffis (président d'Evian Volvic Source, NDLR) ». « C'est avant tout un engagement politique et social local », insiste-t-il, en affirmant : « Cela n'implique pas les autres filiales et si Annecy obtient les Jeux, rien ne dit que le groupe ou l'une de ses marques sera sponsor. » Franck Riboud sait que Coca-Cola, « top » partenaire du CIO, a préempté la catégorie boissons rafraîchissantes des événements olympiques. Mais, malicieux comme son père qui avait brandi un Carambar sur le plateau de « L'Heure de vérité », et non ignorant des techniques de l'« ambush marketing », il prévient : « Si la candidature est un succès, il serait logique que l'on bénéficie d'un renvoi d'ascenseur et que la ville d'Evian soit intégrée aux sites des Jeux. »
Modeste, ou malin, dans son positionnement, le patron de Danone ne tarit cependant pas d'éloges sur le projet d'Annecy. « C'est extraordinaire. Toutes les infrastructures sportives existent déjà et sont rodées. Les capacités hôtelières sont là aussi. Et pour les transports, avec le réseau autoroutier et le TGV, tout existe à 100 %. »
Pour lui, la question de savoir si la candidature d'Annecy a une chance face à Munich, notamment, et à la propension des membres du CIO à privilégier pour les Jeux d'hiver de grandes villes, dussent-elles être situées loin des pentes enneigées, ne se pose pas. « On y va pour gagner. On sait, surtout avec l'expérience de Paris 2012, qu'il faut cocher un certain nombre de cases, que le dossier n'est pas tout, qu'il faut séduire les bonnes personnes au bon moment. Il faut le faire. » D'ailleurs, s'il va à Vancouver, « c'est aussi pour faire du "benchmark", voir comment cela est organisé car les choses ont évolué depuis Albertville ». L'indice que son intérêt pour Annecy 2018 pourrait malgré tout se prolonger au-delà de la simple période de candidature…