Image du film Les Bostoniennes
Chambre avec Vue
Image du film Maurice
Image du film Les Vestiges du Jour
Intellect et sentiments.
J’adore James Ivory, même si je pense qu’il fait toujours le même film depuis plus de vingt ans (bon, cela dit, je ne prétends pas les avoir tous vus, mais j’en ai vu un paquet). Il s’agit toujours du chiasme entre la cérébralité et la sensualité. Dans The Bostonians/Les Bostoniennes (1984), film très intéressant sur la naissance du féminisme à la fin du XIXe siècle adapté du roman d’Henry James, on a déjà l’archétype de tous les conflits intérieurs qui seront à l’oeuvre plus tard dans Room with a View/Chambre avec Vue, Maurice, The Remains of The Day/Les Vestiges du Jour : le protagoniste principal hésite entre la raison, son devoir, les exigences de la société et les élans de son coeur/corps.
Dans Les Bostoniennes, ce qui est intéressant, au-delà de la reconstitution superbe de l’époque et de la beauté plastique du film (habituelle par la suite chez Ivory) c’est que le personnage féminin au coeur de cette tourmente interne est vampirisé par l’admiration et l’amour trouble d’une femme (Vanessa Redgrave) alors qu’elle est attirée par un homme tout ce qu’il y a de plus viril (Christopher Reeves-Superman quand même !- pas vraiment emballé par ses théories d’émancipation). Par fidélité intellectuelle et affective à sa protectrice-vampire, Verena Tarrant pense même à la mort pour étouffer sa libido… Dans cette époque si particulière, le féminisme est encore confus, mêlé on le voit, d’amour vaguement homosexuel, autoritaire et propagandiste… Si l’on en croit ce blog fort bien documenté, il y a une réelle vérité historique dans ce féminisme-là, qui pouvait prendre diverses formes, et donc toucher aussi à la mode, évidemment.
Bref, le problème est posé, à la manière d’Ivory, c’est à dire subtilement mais binairement quand même : comment être femme (un coeur, un corps) et féministe (l’esprit, les idées) ?