Même une grande partie de ceux qui ont voté pour le candidat Sarkozy en 2007 commencent à se poser la question : "Alors, elle vient quand cette refondation du capitalisme, qui va faire repartir la France ?" Il faut dire que les propos "stakhanovistes" du candidat devenu président comme "travailler plus pour gagner plus " qui permettaient de créer "une France de propriétaires", le tout sur fond de Président du pouvoir d'achat", sont devenus franchement obsolètes face à la situation de nombreux français qui voient, avec angoisse, augmenter le nombre des fermetures et faillites d'entreprises, ainsi que le nombre de précaires et chômeurs !
Et pourtant, après avoir essayé de faire illusion à Davos, où il a affirmé sans rire, qu'il n'était pas venu "donner des leçons à quiconque" et où il a dressé sur un ton très offensif "un long réquisitoire du système qui a abouti à la crise, devant une assemblée de patrons de multinationales et de banquiers " ... parfaitement indifférents, on peut lui demander aujourd'hui où on en est de "On a déréglementé la finance pour pouvoir financer plus facilement les déficits de ceux qui consommaient trop avec les excédents de ceux qui ne consommaient pas assez." (...) "Le métier de banquier n'est pas de spéculer [...], c'est de financer le développement de l'économie (...) " Si la concurrence est faussée par des règles prudentielles qui restent très différentes d'un pays à l'autre, d'un continent à l'autre", alors les "acteurs trouveront normal de reprendre leurs habitudes d'avant la crise (...)" Source Le Monde
La crise mondiale n'explique pas tout, et pour ceux qui auraient oublié, il est intéressant de se remémorer les 15 points de son programme (voir Slovar ) qui étaient disponibles sur son site de campagne http://www.sarkozy.fr. Site supprimé depuis mi février 2010 et redirigé vers la page Facebook de Nicolas Sarkozy (voir traces en dans le cache de Google )
1. Mettre fin à l'impuissance publique
2. Une démocratie irréprochable
3. Vaincre le chômage
4. Réhabiliter le travail
5. Augmenter le pouvoir d'achat
6. L'Europe doit protéger dans la mondialisation
7. Répondre à l'urgence du développement durable
8. Permettre à tous les Français d'être propriétaires de leur logement
9. Transmettre les repères de l'autorité, du respect et du mérite
10. Une école qui garantit la réussite de tous les élèves
11. Mettre l'enseignement supérieur et la recherche au niveau des meilleurs mondiaux
12. Sortir les quartiers difficiles de l'engrenage de la violence et de la relégation
13. Maîtriser l'immigration
14. De grandes politiques de solidarité, fraternelles et responsables
15. Fiers d'être français
Qu'est devenu le vibrant plaidoyer sur les salaires ? : "Le problème de la France aujourd’hui, c’est que les salaires sont trop bas et que les prix sont trop élevés. Je veux que les heures supplémentaires soient toutes rémunérées 25% de plus que les heures normales, quelle que soit la taille de l’entreprise, et qu’elles soient exonérées de toutes charges fiscales et sociales pour qu’elles soient plus payantes pour les salariés et moins chères pour les entreprises. Quatre heures de travail en plus par semaine sans charges, c’est immédiatement 1 980 euros net en plus à la fin de l’année pour tout salarié rémunéré au SMIC. Je veux que notre économie soit plus dynamique, plus prospère, que les salariés aient des emplois plus qualifiés, pour que les salaires de tous soient plus élevés ... " Seule promesse tenue pour l'instant : "Je n’augmenterai pas les impôts car les impôts, c’est moins de pouvoir d’achat pour tous les Français", à condition de ne pas considérer les taxes comme des impôts !
Si l'on ajoute à celà que notre Président allait transformer l'Union Européenne pour en faire une locomotive de développement qui affiche aujourd'hui les chiffres suivants : " 17 % de la population de l'Union européenne vit sous le seuil de pauvreté, soit près de 80 millions de personnes. Des chiffres pourtant en dessous de la réalité. Les seules statistiques dont disposent à ce jour l'Union européenne datent de 2007, et ne tiennent donc pas compte des conséquences de la crise économique" Et qu'en France, " Ce pourcentage s'élève à 13%, soit 8 millions de personnes" - Source La Tribune et Euractiv, on comprend que la population dans sa grande majorité ne croit plus à la capacité de son omni président pour améliorer leur vie et leur proposer un futur.
C'est ce qu'on peut constater en prenant connaissance de la dernière étude BVA pour « Les Echos », France Info et Absoluce, paru mercredi : "avec seulement 32% de bonnes opinions à son égard, la politique économique du gouvernement s'enfonce dans l'impopularité, renouant avec ses très bas niveaux observés en septembre 2008" lors de la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, résume Gaël Sliman, directeur général adjoint de BVA. (...) Une mauvaise image dans toutes les couches de la population. Dans le détail, à la question "Diriez-vous que la politique économique menée actuellement par le gouvernement est très bonne, plutôt bonne, plutôt mauvaise ou très mauvaise ?", 32% des sondés ont répondu "bonne" et 63% "mauvaise". 3% des sondés la jugent "très bonne" et 29% "plutôt bonne". 39% la jugent "plutôt mauvaise" et 24% "très mauvaise". Parmi les sympathisants de droite, 62% jugent favorablement cette politique, contre 18% des sympathisants de gauche. Près des deux-tiers (64%) des cadres supérieurs, professions libérales et professions intermédiaires (CSP+) la jugent mauvaise, une opinion exprimée par 71% des employés et ouvriers (CSP-) - Source TF1
Les salariés français ne se font pas trop d'illusions. En raison notamment de la crise, 61 % d'entre eux s'attendent à ne pas être augmentés en 2010, révèle le baromètre mensuel BVA pour « Les Echos », France Info et Absoluce. Ils ne sont que 37 % à espérer le contraire. Paradoxalement, les employés du secteur public sont plus pessimistes que ceux du secteur privé (67 % contre 56 %) (...) Les travailleurs les moins payés, car souvent les plus exposés à la concurrence, se montrent les plus résignés : 74 % des personnes gagnant moins de 1.500 euros net par mois ne comptent pas sur un geste de leur employeur en 2010.
"(...) Les Français sondés par BVA soutiennent très massivement (à 83 %) les revendications des employés d'Ikea en grève pour obtenir des hausses des salaires. Qu'ils soient d'ailleurs de milieux aisés ou défavorisés, de droite (à 73 %) ou de gauche (à 92 %). « (...) un sentiment d'injustice s'installe dans l'opinion, au fur et à mesure notamment que les banques annoncent le retour à de spectaculaires bénéfices. D'autant que s'y ajoute une déception plus ancienne sur l'évolution du pouvoir d'achat, l'une des grandes promesses du candidat Sarkozy en 2007. (...) Désormais proche de son plus bas d'avril 2008, la popularité de sa politique économique « va encore chuter, prédit Gaël Sliman. Le printemps social pourrait être chaud ». - Source Les Echos
Si l'on ajoute comme nous l'écrivions hier que "(...) Interrogés pour désigner le type d'entreprises auquel le président Nicolas Sarkozy et le gouvernement accordent la plus grande attention, 62% des patrons de TPE citent les très grandes entreprises et celles du CAC 40, 24% les grandes entreprises de 250 à 1.000 salariés et 9% les PME. Seuls 3% des sondés citent les TPE et 18% seulement estiment avoir réellement bénéficié des réformes engagées depuis 2007 (3% "beaucoup, 15% "assez") (...)"
On se dit, que ce ne sont pas quelques nominations de gens de gauche aux plus hautes fonctions de l'Etat, qui vont faire illusion. Car, pour l'instant, le gouvernement ne trouve aucun moyen pour ralentir les trop nombreux plans sociaux ou fermetures d'usines ! D'autant que comme l'explique Thomas Piketty, directeur d’études à l’EHESS et professeur à l’Ecole d’économie de Paris, les banques, responsables de la crise économique actuelle sont elles reparties vers de nouvelles aventures ! " (...) Les profits des dix plus grandes banques européennes ont avoisiné les 50 milliards d’euros en 2009. Si l’on ajoute les dix plus grandes banques américaines, on atteint les 100 milliards d’euros. D’où viennent de tels profits, alors même que l’ensemble de la zone était en récession en 2009 ? L’explication la plus évidente est que, pendant la crise, les banques centrales ont prêté aux banques de l’argent à des taux très faibles, que ces dernières ont pu ensuite utiliser pour prêter à des taux plus élevés à d’autres acteurs : aux ménages, aux entreprises, et surtout aux Etats. Tentons un petit calcul, approximatif et imparfait, mais qui a au moins le mérite d’illustrer l’ampleur des masses en jeu. Entre septembre et décembre 2008, la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine (Fed) ont créé près de 2 000 milliards d’euros d’argent nouveau (près de 10 points de PIB américain et européen). Cet argent a été prêté aux banques à des taux de l’ordre de 1%, sur des durées allant de trois à six mois. Les prêts ont été grosso modo renouvelés tout au long de l’année 2009 : les bilans de la Fed et de la BCE se situent en février 2010 à des niveaux à peine plus bas que les records atteints début 2009. Supposons que ces 2 000 milliards prêtés aux banques leur ont rapporté en moyenne 5 %, soit parce qu’elles ont prêté à 5 % à d’autres acteurs, soit parce que cela leur a permis de rembourser des dettes qui leur auraient coûté 5 %, ce qui revient au même. La marge réalisée serait alors de 80 milliards (4 % de 2 000), soit l’équivalent de 80 % des profits réalisés par les banques en 2009 (...) " - Source Libération
Cependant, alors qu'il a fallu menacer Renault d'augmenter la part de l'Etat à son capital (pourquoi ne l'a t-on pas fait d'ailleurs ?) pour n'obtenir aucun engagement sur la durée ou sur le volume de production de la CLIO IV, affronter la direction de TOTAL (dont l'état est également actionnaire) pour le résultat suivant : " Il a été décidé par Total qu'un engagement ferme maintiendrait toutes les raffineries, à part Dunkerque, en exercice pour les cinq ans qui viennent", a dit Christian Estrosi lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale - Source Yahoo News. TOTAL dont on apprend par Le Monde que "L'exécutif ne décolère pas contre le président du géant pétrolier. "Christophe de Margerie nous a mis dans le plus mauvais calendrier imaginable pour arriver à ses fins. Il est dans une entreprise d'ingénieurs et n'a pas pris en compte les élections régionales, car les élections régionales ne se modélisent pas", peste un proche du gouvernement" - Source Le Monde
Ah ! Evidemment s'il s'agit de se maintenir au pouvoir ! En attendant d'être refondé, le capitalisme vous salue bien ...
Crédit photo et montage
RSR
Lobo